Tout ou rien...
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le 6 sept. 2013
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Ana (celle sur l'affiche) est une femme coquette mariée à Franjo, un homme honnête, mais très rustre et qui ne pense qu'à boire. Ils hébergent la soeur d'Ana, Mina, qui est moins belle et mange beaucoup. Lors d'une sortie à la campagne, Fulir (celui sur l'affiche), un homme élégant et raffiné à la petite moustache, se livre à une cour éhontée d'Ana, dont il prend la photo. Franjo ne voit rien venir, persuadé que Fulir fait la cour à Mina, ce à quoi il l'encourage. De son côté, Ana se laisse faire la cour. Et lorsqu'ils chantent une chanson qui dit "Je suis amoureuse", elle regarde Fulir dans les yeux... Vous comprenez le sens du titre.
Après bien des quiproquos, Franjo découvre le pot aux roses et poursuit Fulir dans sa salle à manger avec un sabre. Le lendemain, pour se venger, il descend dans la cour et frappe chez la prostituée, Marijana. Il la paie pour faire croire qu'ils couchent ensemble. Un partout, la balle au centre. Le film se finit, de manière assez invraisemblable, par le mariage de Mina et Fulir.
Au niveau formel, il y a beaucoup à redire. Les cadrages, assez maladroits, sont souvent en plan général (on voit tout des personnages, des pieds à la tête) ou plan américain. Pas mal de plans sur des décolletés avec un crucifix : les seins de l'actrice principale sont souvent dans le champ, bien au centre.
Au niveau des personnages, c'est assez bordélique aussi, notamment au niveau de l'identification, car tous sont assez ridicules. Franjo est vraiment rustre, genre il se lève à table pour aller uriner et revient la braguette ouverte. Et sa descente est telle que ce film pourrait passer pour un film contre l'alcoolisme. Pourtant par moment, on a de la peine pour lui, même si son inaptitude à changer fait parfois passer cette coquette d'Ana pour une sainte. Mais Fulir également est dans un entre-deux. Tantôt sensible, tantôt dans la caricature de l'esthète efféminé ; tantôt déplaisant comme le renard qui entre dans la bergerie, tantôt image de la passion véritable... La fin en queue de poisson fait qu'on sort du film sans savoir s'il est censé porter une quelconque morale. Ha, et le gamin a le droit de jouer avec un sabre, un vrai sabre du temps de l'occupation ottomane, il court même dans la rue en le brandissant.
Le film est censé se passer dans les années 1930, mais les références à l'actualité de l'époque (Mussolini et Baldwin, l'invasion de la Mandchourie), sont vraiment balancées au détour d'une phrase comme un alibi. Et puis d'ailleurs dans une scène de piscine, des filles portent des bikinis, et je suis sûr que ce n'est pas le seul anachronisme.
Mais s'en tenir à toutes ces remarques serait passer à côté de ce classique du cinéma croate. Car pour tous les défauts que j'ai énumérés, les chansons sont entrainantes et restent en mémoire, et comme Ana, on se prend à vouloir chantonner 'Ya liouuubiiiim". C'est un film léger, avec une ambiance de vacances, comme le week end à la campagne qui est le déclencheur du film (ce train où l'on joue de la guitare !). Et au fond, la valeur du film se trouve probablement davantage dans sa volonté conservatoire du patrimoine musical et dans son ton (léger la plupart du temps) que dans son histoire. Si ce film me fait penser à quelque chose, c'est à la comédie italienne.
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Créée
le 20 août 2015
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