Deux ans après ses débuts dans Le Retour de Frank James, Gene Tierney retrouve Henry Fonda dans cette screwball comedy réalisée par Rouben Mamoulian, où elle interprète une jeune fille d'origine modeste, employée dans un grand magasin, et attirée hors du droit chemin par un couple d'escrocs. Se faisant passer pour leur fille, elle leur permet par sa très grande beauté de mettre le grappin sur des pigeons de plus en plus fortunés. Fonda, pris pour un magnat de la haute finance, est le suivant sur la liste, et se fait dépouiller de 15 000 dollars pour l'achat d'un voilier appartenant à quelqu'un d'autre. Mais il s'avère que le jeune homme n'est en réalité qu'un comptable à 65 dollars par semaine, et qu'il vient de perdre toute une vie d'économies dans l'arnaque... Tombée amoureuse, Gene part pourtant avec lui, sans toutefois lui révéler sa duplicité. Les choses se compliquent davantage quand il lui révèle qu'il a engagé un détective privé pour retrouver la trace des escrocs, et que ceux-ci imaginent un nouveau plan pour le délester à nouveau de ses 15 000 dollars, récupérés entre-temps, sur un « coup de chance » orchestré par la belle, à la table d'un casino...
Sorti en 1942, juste avant les grands succès de sa carrière (Le ciel peut attendre, Laura, Péché mortel, Le Château du dragon, L'Aventure de Mme Muir...), Qui perd gagne montre une Gene Tierney absolument exquise, déjà au summum de sa beauté. Dans l'une des premières scènes du film, on la voit ainsi se prélasser au soleil, en maillot de bain, sous les yeux captivés d'un Fonda en train de téléphoner - et qui ne tarde pas à perdre le fil de sa conversation ! Le couple formé par elle, escroc un peu contre nature et rongée par les remords, et lui, brave garçon honnête et idéaliste, fonctionne très bien et donne toute sa saveur à cette agréable comédie, dans laquelle on retrouve aussi l'excellent Laird Cregar en filou onctueux.