Rarement un film de ce genre ne m'aura à ce point marqué et atteint l'apothéose de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. Robert Zemeckis nous entraîne dans un monde où les Toons côtoient et vivent avec les humains, notamment dans Toonville, zone se trouvant à côté de Los Angeles. Il nous fait suivre une affaire de meurtre dans laquelle tout accuse le lapin Roger Rabbit.
Un lapin gaffeur, marrant, survitaminé, amoureux et attachant, un détective bougon, raté mais intentionné envers qui on a tout de suite de la sympathie, une Jessica Rabbit envoûtante et sensuelle ou encore un juge aussi cruel que mystérieux et puissant, voilà la recette pour ce cocktail explosif plein d'humour, de mystère, d'idées lumineuses et de charme !
Mettant en scène le choc des cultures entre les toons et les humains, Zemeckis braque sa caméra sur le lapin et le détective, ne commettant aucune faute de rythme (et de gout !) et mêle parfaitement l'enquête avec de fortes doses d'humour et de charme. Un humour qui marche grâce au monde inventif et épatant des toons, une bonne dose de burlesque et bien évidemment des personnages dont tout semble les opposés mais qui finissent par travailler ensemble. L'osmose entre eux est parfaite et Zemeckis l'exploite merveilleusement, orchestrant son récit avec brio, sachant prendre son temps lorsqu'il le faut, mettre de la tension à d'autres et surtout débordant d'idées ingénieuses.
Et puis, peut-on fait un plus bel hommage au cinéma ainsi qu'aux films noirs de l'âge d'or hollywoodien ? Tout le long truffé de diverses références savoureuses, on a parfois l'impression de se retrouver au côté de Humphrey Bogart dans Le faucon Maltais ou Le grand Sommeil. L'enquête est passionnante et orchestrée d'une main de maître, on baigne entre femmes fatales, meurtres, héros désabusé, affaires sordides et corruptions, mais Zemeckis n'en oublie pas les références au monde du dessin animé avec des apparitions hilarantes de Droopy, Bugs Bunny ou encore Donald.
L'animation est de grande qualité, tout comme le mélange réel/animé mais la force de Zemeckis, c'est de ne jamais sacrifier le fond à la forme. Contenant un bon nombre d'idées et de trouvailles visuelles, elles sont surtout présentes en fond, permettant aux personnages de faire avancer l'enquête. Dans les personnages réels, on ne peut qu'apprécier les compositions de Bob Hopskins, génial en détective bougon ainsi que Christopher "Doc" Lloyd, cruel à souhait dans le rôle du juge.
Je ne compte même plus le nombre de visionnage de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et force est de constater que je ne m'en lasse pas. Un bijou visuel, d'inventivité, d'écriture, d'humour ou encore de références, un cocktail qui n'a pas pris une ride et qui se savoure sans modération !