Garçon sans bande
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Il est dommage qu’une petite histoire – comprenons, une histoire inscrite dans la banalité du quotidien et mettant en scène monsieur et madame tout-le-monde – ne donne lieu qu’à un petit film, si petit que ses petites ambitions limitent l’ampleur dramatique qu’un tel récit aurait pu prendre. Car Qui Vive sait inscrire ses personnages dans une réalité sociale restituée avec justesse : suivre Chérif dans sa routine comprenant vie chez ses parents, emploi de vigile dans un magasin, concours d’infirmier et relation amoureuse naissante avec l’institutrice de l’école d’à côté passionne, mieux immerge le spectateur dans un microcosme qu’il ne connaît peut-être pas bien, celui des cités rennaises. Et l’originalité du traitement du néoréalisme social réside dans l’onirisme qui l’enveloppe, à la manière de ces nappes musicales signées Sayem qui scandent le film et permettent aux voyages en bus de décupler la puissance esthétique du mouvement.
Cependant, une fois les enjeux posés et l’accident survenu, le long métrage se fige dans les procédures mises en scène et rebat, sans jamais les dépasser, les cartes de la tragédie sociale. Et ces figures que nous avons vu vivre, aimer et espérer se sclérosent, elles ne véhiculent ni l’émotion d’une crise intérieure ni l’absence d’émotions qui en serait l’expression privilégiée. En résulte une impression de sur-place qui enferme le film dans un cahier des charges malheureux, quoique pertinent. Manque un parti pris dramatique et esthétique, manque un risque qui, seul, aurait permis à Qui Vive de prendre de la hauteur afin de proposer une lecture plus intelligente de son sujet. Reste un film intrigant et campé à la perfection par son duo de tête, Reda Kateb et Adèle Exarchopoulos. Une œuvre paradoxalement trop sur le qui-vive.
Créée
le 19 févr. 2020
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