Quick Gun Murugan par cherycok
En Inde, s'essaie à tout, on n'a peur de rien et on et surtout pas du ridicule. Voir débarquer un western dont le héros se voit affublé d'un accoutrement flashy à base de pantalon moulant orange fluo couplé d'un haut vert et d'une petite peau de léopard en guise de veston, ça n'a pas de prix. Alors quand, en plus, ce dernier est végétarien et va revenir d'entre les morts pour lutter contre des fast-foods carnivores, on se dit que les scénaristes avaient du fumer des cigarettes qui font rire pour nous pondre un truc pareil. Et le spectacle est à la hauteur de nos attentes ! Le public ne s'est pas trompé et s'est rué en masse dans les cinémas en faisant de Quick Gun Murugan le plus gros succès de l'année 2009.
Le film nous met direct dans le bain. Ambiance western à la Sergio Leone à bases de plans désertiques bien léchés, et un personnage sans bras qui a trouvé un mécanisme astucieux avec ses dents (pourries) et ses pieds (crades) pour utiliser quand même un fusil. Et là, Murugan dit « La Gachette Fulgurante » arrive et le festival va commencer. On sait d'ores et déjà en à peine 5 minutes qu'on va avoir droit à un spectacle un peu spécial, à base d'humour décalé, de gunfights à base d'effets spéciaux matrixiens en mode bullet-time, le tout rempli de références cinématographiques en tout genre.
Et c'est effectivement le cas. Terminator, Desperado, James Bond, Matrix, Austin Power, les références sont nombreuses et toujours bien amenées, permettant au néophyte que je suis de ne pas être perdu au milieu des nombreuses coutumes et traditions locales telles que le rôle important de la mère de famille ou le développement massif des restaurants non végétariens et de leur « lutte » contre les restaurants végétariens.
Assassiné par le dangereux et un peu fou Rice Plate Reddy alors qu'il tentait de l'empêcher de rendre carnivores toues les restaurants du « far west » indien, il est renvoyé sur Terre pour finir d'accomplir sa tâche. Mais suite à une erreur du Ministère de la Mort, il est renvoyé 25 ans plus tard, de nos jours, où son ennemi juré a depuis monté une chaine de fast food non végétariens, les restaurants Mc Dosa, dont la spécialité est le Dosaï, une sorte de crèpe, mais avec de la viande, et qui a pour mascotte un clown effrayant à tête d'oignon (rien que ça...). On va donc suivre ses périples pour le retrouver et il va bien entendu être confronté plusieurs fois aux sbires ennemis, toujours avec la cool attitude et le look improbable qui le caractérise.
Comme le film est étonnamment de courte durée pour un film Telugu (à peine 1h37), le rythme est soutenu, alternant scènes comiques bien couillones et scènes d'action bien... couillones également. Le spectateur peu habitué pourra rester médusé devant le spectacle qui s'offre à lui, en particulier lors de trois ou quatre grosses scènes d'action à base d'effets de balles traçantes, voire rebondissantes à la Lucky Luke, évitées parfois de façon très matrixiennes, sauts aériens avec un Murugan à la détente sèche exceptionnelle, et aux méchants aux looks improbables (coupe affro, poils sur les oreilles, bling-bling,...), le tout agrémenté d'une musique digne de James Bond avec un thème qui reste bien en tête. Seulement deux chansons typiques des productions Telugus, c'est bien peu et mes oreilles n'ont au final que peu souffert.
Vous en jugerez par vous-même en regardants les screenshots qui illustrent cet article, mais on a vraiment l'impression parfois d'être en plein cartoon, et cette ambiance si particulière, qui rappelle un peu le thaïlandais Les Larmes du Tigre Noir de par ses couleurs flashy, qui donne un très bon cachet au film. Quick Gun Murugan est au final un vrai film de divertissement qui passe comme une lettre à la poste, assez fou, exotique et accrocheur pour qu'il lasse une trace indélébile dans nos petites têtes, sans pour autant pouvoir prétendre au rang de chef d'œuvre. Il peut être une très bonne entrée en matière pour qui a envie de s'attaquer au cinéma en provenance d'Inde grâce à son exotisme bien prononcé. Vivement recommandé en tout cas.