Présenté aux festivals de Toronto et de Beaune, R100 est le nouvel essai du trublion Hitoshi Matsumoto, réalisateur du délirant Dai Nippon-jin et du touchant Saya Zamurai.
Avec son ton de parfaite tragi-comédie et ses teintes atrocement grisâtres, ternes et sans vie, la première partie de R100 permet au cinéaste de continuer son exploration de la société nippone, et tout particulièrement d'ausculter la sexualité (ou la non-sexualité) de ses contemporains. Une réflexion loin d'être idiote autour de la recherche désespérée d'un plaisir à la fois sensoriel et charnel, où douleur et jouissance ne vont pas l'une sans l'autre.
Sans jamais juger, Matsumoto croque un personnage principal attachant, dont les névroses cachent une certaine détresse affective. La relation avec son jeune fils sonne juste, apportant une légère touche d'émotion bienvenue avant de préparer le spectateur à une seconde partie d'un tout autre genre.
Car à mi-parcours, au moment même où la proposition de Matsumoto commence à montrer des signes de fatigue, le réalisateur change son fusil d'épaule, bascule d'un coup d'un seul dans la farce la plus délirante. Repoussant les limites du bon goût et du politiquement correct (il faut voir le fiston saucissonné façon bondage avant d'être pourchassé en slip et d'hériter du sobriquet de "petit salivant"), R100 part dans tous les sens, fonce tête baissée dans un mur d'absurdité qui en réjouira certains tout en épuisant les autres.
Moins marquant que Dai Nippon-jin et peu facile d'accès, R100 risque fortement de diviser, voir de repousser par son esthétisme terne et par son approche bicéphale, mais qui porte un regard fascinant sur la société actuelle et qui recèle en lui une poignée de séquences nawak qui valent franchement le détour.