La procédure j'en ai rien à branler
Déformation professionnelle, le pragmatisme lié à la fonction se reflète dans ce récit de disparition aussi soudaine qu'inquiétante, Mancuso tirant fictivement de l'anonymat l'un des milliers de cas de disparitions signalées en France chaque année. Aussi, ayant comme balise un fait divers du quotidien, à aucun moment il ne cherche à épater ou sombrer dans un sensationnalisme trop souvent synonyme de pauvreté narrative. Au contraire, il reste concentré sur le cheminement de son personnage principal, interprété par un Yvan Attal aussi énergique et juste qu'à l'accoutumée, déployant des efforts considérables mais vraisemblables pour retrouver son épouse.
Le récit avance alors à pas de loup, captive par l'accumulation de détails et par la progression sensée de l'enquête, et mène très naturellement jusqu'au dénouement qui, s'il constitue peut-être le point faible du film, ne manque pas cependant d'être surprenant. Mancuso, s'autorisant au passage à berner le spectateur en multipliant les fausses pistes et faux espoirs pour le personnage, renforçant alors toujours un peu plus le sentiment de frustration et de découragement, distille une tension entretenue à chaque cran de son intrigue. Cette tension repose également sur la confrontation polie entre Attal et Pascal Elbé, l'un flic, l'autre gendarme, Mancuso ne se privant pas de profiter du conflit presque séculaire entre Police et Gendarmerie. Le personnage campé par Elbé, Bertrand Barthélémy, offre d'ailleurs une vraie stature au film, une sobriété et une certaine profondeur, contrairement au flic vulgaire et violent.
En résumé, sans parvenir à retrouver l'émotion de "Contre-enquête" et malgré une fin en demi-teinte, "R.I.F" deçoit quelque peu tandis que l'on s'attend à davantage d'action.