Ne pas suivre le lapin noir
Le film raconte l'histoire d'un couple qui tente de se remettre du deuil de leur enfant huit mois après la tragédie. A leur manière, assez solitaire, ils vont tenter de trouver la paix et aller de l'avant quitte à se blesser eux-mêmes.
Sur un fond de nature fleurie, le scénario se centre sur les émotions des deux personnages principaux interprétés par Nicole Kidman et Aaron Eckhart. Lui, avec un emploi et une volonté de toujours tirer sa compagne vers le bas, va tout mettre en oeuvre pour suivre le parcours classique de l'après deuil. Il vit néanmoins cette peine seule, le soir, où il fait retomber la pression devant des cassettes de son fils. Elle, beaucoup plus bousculée (c'est relatif) et déséquilibrée par ce changement, tente de garder ses habitudes mais perd rapidement pied. Au bord de l'implosion, elle n'accepte l'aide de personne car après tout, personne ne peut comprendre ce qu'elle vit.
La réalisation est très classique mais l'idée lumineuse, un adjectif qui convient particulièrement à certains plans de ce film, de l'avoir fait débuter par Becca qui jardine et qui arrose ses fleurs est absolument brillante. Quelle belle image, celle d'une femme en reconstruction qui tente de donner un peu de vie et de lumière à son environnement, elle qui a perdu ça. Rabbit Hole m'a fait penser à Un hiver à Central Park qui traite aussi du deuil avec Natalie Portman en tête d'affiche. Un film d'après moi plus fort car mieux maîtrisé et plus démonstratif.
Car si les acteurs sont bons dans Rabbit Hole, ils ne sont pas excellents et l'attachement à leur personnage devient alors difficile car ils doivent être les pièces maîtresses du film. Nicole Kidman, qui est une de mes actrices préférées au demeurant, est très en dessous de ses capacités et, à titre personnel, très mal exploitée. Elle peine à trouver le bon créneau malgré ses efforts, vains. Ce n'est pas une catastrophe, mais elle démontre un manque de force, de bravoure et donc d'intérêt dans son personnage, là où une Natalie Portman est plus subtile et mieux armée face à ce genre de rôle qui demande un travail sur soi beaucoup plus important. Aaron Eckhart est peu démonstratif mais un peu plus à l'aise, même si j'aurais préféré un couple d'acteur qui tienne le film plutôt que l'inverse, car ici l'oeuvre de John Cameron Mitchell n'a pas un pouvoir magnétique assez grand pour nous attirer par le biais unique de ses charmes.
Il en reste un film poignant à certains endroits, creux à d'autres et pas toujours très réaliste mais plein de bonnes intentions et de tendresse, aussi. J'ai trouvé ce film bon et sans prétention.