"Braconner n'est pas voler", c'est le principe de Pierre Fouques, dit Raboliot, cet homme épris de liberté et qui pratique le braconnage, sa ressource de père de famille, comme un art de vivre. Dans le drame de Maurice Genevoix, commencé dans une certaine fantaisie, Raboliot est l'incarnation-même de la liberté confrontée à la propriété et à l'autorité, laquelle est représentée par un garde-chasse haineux, version solognote de Javert s'acharnant sur Jean Valjean.
Le film de Jacques Daroy est une bonne surprise. Si on peut craindre au début du film un pittoresque rural, avec patois et accent, trop marqué, le sujet exprime bien à la fois l'idée dramatique du roman et le mode de vie agreste des habitants, la nature des rapports sociaux.
Le film trouve, d'autre part, en Julien Bertheau, comédien plus connu au théâtre qu'au cinéma, un interprète brillant de ce Raboliot apprécié de la population et dont il fait une figure attachante par son indépendance et sa résistance obstinée. La composition de Bertheau et la direction d'acteurs permettent au film de s'éloigner du mélo.
La campagne et les bois de Sologne sont charmants, même en noir et blanc; c'est là que se joue le sort de Raboliot, dont on comprend vite qu'il n'est pas le plus fort. Ce n'est pas l'affaire Blaireau d'Alphonse Allais, pour ceux qui y ont pensé...