Securitate rapprochée
Roumanie 1972, Nicolae Ceaușescu règne en maître et la Securitate veille au grain, un œil sur la jeunesse rebelle, qui écoute en cachette, l'insolente, l'émission Metronom sur Radio Free Europe. qui...
le 8 nov. 2022
8 j'aime
2
Radio Metronom fait le pari ambitieux de traiter les tourments d'une jeunesse roumaine des seventies aspirant à la liberté dans un régime guindé par un faux communisme, figé et perverti. Le titre est implicite : un vent d'espoir provenant des révolutions culturelles occidentales leur parvient par des ondes clandestines.
Déjà auteur de deux documentaires dont le second s'intitule Cinéma mon amour, le cinéaste-cinéphile Alexandru Belc a appris de ses prédécesseurs à ne pas se laisser enchaîner par son sujet. Tel The Deer Hunter de Cimino, il étire sur toute une première partie une séquence de fête afin de présenter cette jeunesse échappant au carcan familial et se regroupant afin d'éprouver la vivacité de leur corps (se mettre une race quoi). La gravité plane sur cette atmosphère de réjouissances. Puis soudainement surgit toute la brutalité de la société qui leur est faite : violences policières, dogmatisme politique, paternalisme, trahison.
La mise en scène de Belc est beaucoup trop sage pour les sommets qu'il cherche à atteindre. Son rejet évident et par ailleurs légitime de la dictature du collectivisme le pousse à un recentrement constant sur les tourments psychologiques d'une protagoniste peu intéressante. Pourquoi se recentrer sur elle d'avantage que sur les autres ? Son petit déboire sentimental justifiait-il de reléguer le reste en arrière plan ? La mise en avant de la valeur de l'individu n'exclue pas de rendre palpable son environnement matériel. Il apparaît très vite que Belc n'a ni la radicalité, ni l'assurance formelle nécessaire d'un Kechiche pour produire un cinéma entièrement centré sur les corps.
L'intérêt du film, qui vaut malgré tout le détour, réside surtout dans les longues pauses que prend l'intrigue. Belc possède un talent certain de décomposition des scènes, Il parvient à capter l'entremêlement de crudité et de sensualité qui se produit dans l'interaction de deux corps.
Le film y trouve un charme qui gagnerait en intensité si le cinéaste, moins prude, voulait lâcher la bride et, dépassant son traumatisme d'un régime n'ayant de matérialiste que le nom, s'ouvrir à la vitalité du monde.
Créée
le 21 janv. 2023
Critique lue 87 fois
D'autres avis sur Radio Metronom
Roumanie 1972, Nicolae Ceaușescu règne en maître et la Securitate veille au grain, un œil sur la jeunesse rebelle, qui écoute en cachette, l'insolente, l'émission Metronom sur Radio Free Europe. qui...
le 8 nov. 2022
8 j'aime
2
Alexandru Belc brosse un beau portrait de la jeunesse roumaine à l’époque Ceausescu. Une jeunesse empêchée mais qui veut s’amuser. Bref, une génération en quête de liberté à l’époque des radios...
Par
le 20 févr. 2023
2 j'aime
Synopsis : « A Bucarest, en 1972, Ana est une jeune femme en quête d’amour et de liberté. Elle se rend dans une fête, organisée par ses amis. Ils écrivent une lettre pour la radio « Metronom 72 » qui...
le 16 janv. 2023
2 j'aime
Du même critique
Avec Un monde, Laura Wandel n'a pas l'air de vraiment savoir sur quel pied danser. Je peux comprendre que beaucoup de gens aient apprécié, parce que la réalisatrice joue à fond la carte de ...
Par
le 2 févr. 2022
16 j'aime
Le tandem Michel Leclerc - Baya Kasmi (ici derrière la caméra) continue à exploiter son filon comique consistant à traiter avec légèreté le climat politique contemporain. Si le film est drôle à...
Par
le 23 janv. 2023
7 j'aime
Avec cette troisième fiction, le cinéaste italien Pietro Marcello franchi une nouvelle étape dans sa trajectoire artistique. Bella e perduta constituait déjà, avec une approche documentaire et une...
Par
le 21 janv. 2023
5 j'aime