Il est de bon ton de faire la fine bouche sur la seconde carrière de Pierre Chenal, auteur de petits bijoux avant-guerre quand il adaptait Pirandello ou Dostoïevski. Ici c'est Auguste Le Breton, qui n'est pas au même niveau mais est loin d'être manchot. Sur une trame classique, le film nous trace un bon portrait d'un flic complexe et manipulateur incarné par Piccoli, Vanel est impérial et la distribution féminine est savoureuse dans cet affrontement entre voyous et policiers où l'on s'aperçoit que ce sont ces dames qui souvent mènent la barque et parfois de façon fatale. On regrettera quelques seconds rôles qui peinent à être à la hauteur (le commissaire principal notamment, mais aussi le jeune inspecteur) C'est aussi un film d'ambiance et un soin particulier a été donné aux décors. Le commissariat est une vraie ruche (on a droit en prime à quelques mini sketches savoureux), et les rues de Pigalle sont superbement illustrées. Un bon polar que l'on déguste, sans ennui, sans mièvrerie, sans concession, parfaitement réalisé, très noir, un peu trop court, peut-être. On en redemande