Il est difficile de faire un film sur la vie ou la carrière d'un boxeur sans être ennuyeux et redondant, car à part la boxe, qu'est-ce que ça fait un boxeur ? Il faut que ce qui se passe en dehors du ring soit aussi intéressant (sinon plus) que ce qui se passe dessus. Et nous voilà à l'autre écueil : faire en sorte que ce qui se passe sur le ring soit intéressant, divertissant, qu'on ait l'impression d'y être, que ce soit réaliste etc. Car des films sur la boxe, il y en a eu, la liste est longue, et ils ne sont pas tous inintéressants. Il y a eu bien sûr le court Charlot Boxeur qu'on retrouve dans Les lumières de la ville. Il y a eu des biographies de boxeurs réels comme Ali ou fictifs comme Rocky. Enfin Million Dollar Baby reste la plus belle réussite pour moi dans ce domaine à une époque ou Clint Eastwood avait encore quelque chose à dire et savait comment le dire.

Raging Bull est (déjà) le 7è long de la filmographie de Scorsese et sort notamment après le surévalué Mean Streets et l'énorme Taxi Driver. Il a déjà fait de De Niro une star. Ici il s'attaque au biopic d'un boxeur qui a vraiment existé : Jake LaMotta, italo-américain s'il en est. Celui-ci se hisse jusqu'au plus haut niveau en évitant de tremper dans les combines de la mafia dont il est inévitablement entouré avec l'aide de son frère qui est son entraineur, son manager, un peu tout à la fois, mais il va finir par accepter de faire un combat truqué, ce qui va mettre un frein à sa carrière. Il va finalement revenir et devenir champion du monde face au champion du monde français Marcel Cerdan qui perdra la vie un peu plus tard dans un accident aérien dans les Açores. C'est aussi son frère qui va lui présenter son épouse qui lui donnera trois enfants.

Mais LaMotta est extrêmement jaloux et méfiant des hommes qui tournent autour de son épouse, des petits mafieux aux chefs locaux, jusqu'à son frère lui-même. Bagarre avec le frère. Rupture avec le frère.

"You fucked my wife ?" deviendra rapidement la réplique la plus célèbre de ce film sur un boxeur jaloux. Sa jalousie, justifiée ou non, ira jusqu'à mettre un pain à son épouse qui décide de partir une première fois avant de renoncer. C'est bien des années plus tard, quand Jake a mis fin à sa carrière et qu'il a ouvert un club où il introduit les musiciens avec un numéro de stand up minable, où il exhibe son physique devenu bouffi et s'envoie des gamines de 14 ans que son épouse va enfin se décider au divorce après une nuit où il a découché. LaMotta se retrouve en prison, il touche le fond. Enfin, il voudra se réconcilier avec son frère. Une rédemption dont on ne sait pas si elle viendra ou non. Mais avec son caractère, on imagine bien que non.

Le premier problème à pointer n'est pas des moindres. Il concerne les combats de boxe qui sont très mal filmés, par rapport à ce qui a pu se faire par la suite. On voit très facilement que ce sont des faux coups et les bruits destinés à faire croire à l'impact des coups n'y ressemblent pas du tout. Le second est au niveau du son. Lorsqu'il y a des dialogues le son est très bas alors que pour tout le reste il est trop fort. De plus, d'une scène à l'autre il y a de vraies différences. Il semblerait qu'il y ai eu de véritables problèmes durant ce film au niveau de la prise de son. Le troisième problème est au niveau du scénario. S'il part du livre du boxeur lui-même, il aurait peut-être fallu en faire quelque chose de mieux. Et enfin, 4ème problème, le montage. De nombreuses scènes inutiles, trop de combats et trop longs. Bref, il s'agit encore d'un Scorsese largement surévalué qui n'était pas inintéressant, et aurait été plus regardable en suivant mes 4 conseils.

Créée

le 8 févr. 2024

Critique lue 6 fois

1 j'aime

Hunkarbegendi

Écrit par

Critique lue 6 fois

1

D'autres avis sur Raging Bull

Raging Bull
Deleuze
9

Lettre ouverte

Papy, J'aurais tant aimé voir ce film en ta compagnie. Voir De Niro, exposant son art, évoluer dans le monde de la boxe, ce monde d'hommes misogynes au possible où la virilité est de mise. Observer...

le 25 mai 2013

124 j'aime

22

Raging Bull
DjeeVanCleef
9

La chute du faux con moite

Au loin, sur un carré immaculé, un homme en robe de chambre à capuchon sautille au son d'une capricieuse mélodie ancienne. En noir et blanc. Aussi libre et léger que le papillon, aussi dur et...

le 18 mars 2016

91 j'aime

23

Du même critique

La Mort de Louis XIV
Hunkarbegendi
3

La Mort du Spectateur

Ce film est d'un ennui ... mortel; À défaut de vraiment mourir vous risquez à coup sûr l'endormissement. Idéal pour tous ceux qui souffrent d'insomnie. Ou si vous voulez torturer quelqu'un. Un...

le 13 févr. 2019

6 j'aime

1

Guerre et Paix
Hunkarbegendi
8

Critique de Guerre et Paix par Hunkarbegendi

Une excellente adaptation du livre de Tolstoi, sans doute la meilleure à ma connaissance. À l'écriture on retrouve Andrew Davies, connu pour ses adaptations de romans classiques tels que Pride and...

le 18 févr. 2016

6 j'aime

Game of Thrones: The Last Watch
Hunkarbegendi
5

Critique de Game of Thrones: The Last Watch par Hunkarbegendi

Documentaire post-autopromotionnel assez superficiel et donc décevant sur la série Game of Thrones. Certes, on y suivra le point de vue assez intéressant d'un figurant, tout en restant toujours...

le 28 mai 2019

5 j'aime