Lettre ouverte
Papy, J'aurais tant aimé voir ce film en ta compagnie. Voir De Niro, exposant son art, évoluer dans le monde de la boxe, ce monde d'hommes misogynes au possible où la virilité est de mise. Observer...
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le 25 mai 2013
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Raging Bull est un film sorti en 1980, retraçant une partie de la vie de Jake LaMotta, réalisé par Martin Scorsese et écrit par Paul Schrader avec Robert de Niro dans le rôle principal (collaboration qui avait déjà fait naître Taxi Driver).
Au premier abord, on pourrait penser qu'il ne s'agit que d'un film sur la boxe, mais comme Rocky, il n'en ait rien, ce film est avant tout un drame humain, le drame du boxeur Jake LaMotta surnommé " le Taureau du Bronx " !
Mais avant de m'enfoncer dans l'analyse, il est important de retracer l'histoire derrière ce film, car Robert de Niro voulait déjà que Scorsese adapte l'autobiographie de LaMotta, mais n'essuya que des refus du réalisateur n'étant pas intéressé par le sport ... sauf qu'après l'échec cuissant de New York, New York et une overdose de cocaine qui a faillit le tuer (en recevant le soutien à l'hôpital de De Niro, qui n'a fait que les rapprocher davantage), Scorsese accepte de réaliser le biopic, car en plus d'avoir un De Niro chaud comme la braise pour jouer LaMotta, en lisant le livre, il a réussi à s'identifier à cet homme dévoré par ses démons, faisant tout en sorte pour s'attirer la haine de toutes les personnes tentant de l'aider tant il se déteste ... Scorsese a vu dans cette histoire une quête de rédemption, aussi bien pour lui que pour LaMotta !
Dans une interview, il dira que le film est une allégorie de tout ce que l'on fait dans la vie, et que du moment que l'on fait des films, on rentre dans le ring !
Ce qu'on remarque directement est évidemment l'utilisation du noir en blanc, qui en plus d'être cohérent pour l'époque où se passe le film, lui permet de se détacher de Rocky grâce à la photographie de Michael Chapman, plongeant le spectateur dans les années 40 !
On peut aussi tirer notre chapeau à Scorsese pour son découpage, qui dépasse Taxi Driver qui était déjà une merveille de découpage. On voit cela, dès les premiers plans sur Jake LaMotta en train de boxer dans le vide, comme forme ultime de masculinité avec sa colère et sa force comme seul guide, le tout est filmé au travers des cordes qui donnent des airs de cage, comme si LaMotta n'était qu'une bête enragée en train de combattre son pire adversaire ... lui-même !
La musique lors de cette séquence amène de la grâce, contre-balançant la rage de LaMotta avec un aspect onirique que l'on retrouvera dans tous les combats, car Scorsese ne voulait pas d'une représentation réaliste de la boxe, le but de l'histoire, est avant tout de montrer un homme qui ne peut comme Travis Bickle voir les femmes que comme des madones ou des prostitués, toutes les femmes n'étant pas vierges sont pour lui des salo*** (d'ailleurs dans le cadre au moment où Vickie attend Jake, les portraits de la vierge Marie et Jésus-Christ sont présents) ... il a tant de problèmes avec sa masculinité, qu'il désire les femmes dont il s'est construit une image de sainte, mais après avoir couché avec elle, se dit que si une femme l'a fait avec lui, alors elle préférera ensuite le faire avec n'importe quel autre personne que LaMotta considère mieux que lui ... les ralentis dans le film lors des passages dans la vie quotidienne de LaMotta, ont pour but de transmettre sa jalousie au spectateur avec des plans rapprochés sur des détails que n'importe quel homme ayant un tant soit peu confiance en lui et en sa partenaire aurait laissé couler ...
Pour revenir sur les combats, ils sont tous particulièrement violents, les impacts des coups sont amplifiés d'une telle manière par les effets sonores et la manière dont la caméra vogue sur le ring, avec les cris de la foule, d'animaux et les flashs des appareils photo. Le découpage des scènes de combats fait également tout en sorte pour être en parfaite adéquation avec LaMotta, comme au début du film, où après avoir perdu aux points, la foule se déchaîne mettant en abîme la colère de Jake !
Étant donné que tantôt, j'ai parlé musique, la BO de Raging Bull est composé de musique classique de Pietro Mascagni (dont Cavalleria Rusticana, la musique entre autres de la scène d'intro) ainsi que de Jazz allant d'Ella Fitzgerald à Harry James venant de la collection personnelle de Scorsese.
Robert de Niro s'est entraîné comme un fou pour être de taille pour le rôle, se faisant même entraîné par Jake LaMotta (d'ailleurs LaMotta lors de l'avant-première, a revu son ex-femme, et à la fin du film, il s'est rendu compte à quel point il été à l'époque, une personne abominable ... il est alors allé demander à son ex-femme s'il été comme ça, et Vickie lui a dit qu'il était pire ...) en personne (il a même fait des combats à Brooklyn) !
Il livre également l'une de ses meilleures performances à l'écran, avec celle qu'il fournit sur Il était une Fois en Amérique, car contrairement à Taxi Driver ou les autres films de Scorsese dans lesquels il joue, rien ne laisse un moyen d'introspection, seul ses expressions, la réalisation et la manière dont les gens qui l'entourent parlent de lui ou lui parlent font en sorte de montrer la personnalité de LaMotta, frappant de simplicité tout en étant incroyablement complexe !
Joe Pesci qui était inconnu au moment du film, montre pourquoi il a eu une telle carrière, son personnage de Joey, au départ calme et étant prêt à tout pour son frère va au fur et à mesure se faire massacrer par la personne auquelle il tient le plus, en accusant Vickie d'être la responsable de la déchéance de son frère, même si au final, il ne lui en veut pas tant que ça, il en veut à son frère de gâcher sa vie ...
C'est lui qui a d'ailleurs recommandé Cathy Moriarty qui interprète Vickie à Scorsese !
Elle n'avait que 20 ans et marque déjà des débuts très prometteurs en tant qu'actrice !
Pour conclure, Raging Bull est un drame humain sur un homme qui à cause de ses démons, finit comme Marlon Brando dans Sur les Quais …
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Créée
le 14 juil. 2019
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