There's something to drink ?
JeeJa Yanin, qui s'était illustrée dans le très bon Chocolate, nous revient une nouvelle fois dans un rôle de femme forte, ce qui ne sera pas sans déplaire aux amateurs du genre. Saupoudré de breakdance comme la plupart des productions d'action signées EuropaCorp, est-ce que le résultat s'avère indigeste ou géré intelligemment ?
Deu (JeeJa Yanin), une jeune thaïlandaise, est kidnappée par une organisation criminelle. Sauvée de justesse par une bande de jeunes qui pratiquent des arts martiaux très particuliers, elle décidera de les rejoindre et recevoir leur enseignement afin de les aider à mettre la main sur le chef des kidnappeurs, qui se fait appeller « le jaguar », et que personne n'a jamais vu...
Commençant dans un style très « Besson-movie », noyé dans le tumbling, le hip-hop et le breakdance mêlé aux arts martiaux, le film nous en met plein la vue, tout en nous faisant craindre le pire, car si ça plaît quelques minutes, on s'imagine mal enchaîner 1h45 d'un genre que l'on ne connaît que trop bien, et qu'à force, on ne peut plus voir en peinture. Heureusement, le côté hip-hop agaçant est très vite laissé de côté pour permettre au film de poser un véritable décor, ainsi que de présenter un minimum ses personnages. Sur fond de trafic de femmes, l'oeuvre prend un tournant dramatique, mais sans pour autant perdre son objectif, qui est de distraire. C'est là aussi que la tournure scénaristique devient intéressante, puisque l'art martial qu'ils pratiquent n'a de puissance que s'ils sont malheureux (en plus d'être alcoolisés — ce qui dans un certain sens pourrait s'apparenter au Zui quan ou « boxe de l'homme ivre », un style de Kung Fu), donnant une véritable raison à cette ambiance morose.
Visuellement ça ressemble au plus gros des productions Thaïlandaises actuelles, à savoir délicat pour la rétine, nous servant toutes sortes de couchés de soleils et autres paysages charmeurs, ce qui est un point non négligeable, venant épauler intelligemment les combats, mais ayant comme effet secondaire de nous frustrer lors des combats en intérieur.
Niveau combats justement, le métrage s'avère encore une fois à la hauteur, nous servant un déluge de chorégraphies de haute volée, avec des coups bien cadrés et atteignant leur cible, chose à laquelle ne sera pas insensible l'oeil du puriste. Les styles présentés ont également l'avantage d'être variés, mélangeant, en plus du breakdance, boxe thaï et wushu, et évidemment Zui quan.
Bref, Raging Phoenix est une production satisfaisante, assurant sur de nos nombreux points, notamment en ce qui concerne les arts martiaux, malgré son casting, qui hormis JeeJa Yanin, est essentiellement composé de novices (Nui Saendaeng, Sompong Leartvimolkasame et Boonprasert Salangam, respectivement dans les rôles de Pigshit, Dogshit et Bullshit, font ici leur première apparition). Le principal grief que l'on pourra avoir à son encontre est son histoire par moment un peu tirée par les cheveux, notamment en ce qui concerne le trafic de femmes pour recueillir leurs larmes, allongeant inutilement la pellicule et cassant un rythme qui aurait pu être bien mieux soutenu.
On appréciera néanmoins que le côté hip-hop soit rapidement laissé de côté, ses sonorités étant loin de satisfaire, et laissant place par la suite à une bande-son plus classique mais moins agressive.
Pour conclure, les amateurs d'arts martiaux à la sauce Thaï dans la veine de Ong-bak et consorts auront de quoi se ravir, un nouveau divertissement les attend. Les autres pourront se montrer sensibles à la dimension dramatique de l'oeuvre même s'il est certain que ses côtés alambiqués risquent de déplaire.
Mention spécial pour la photographie, assurée par un quatuor composé de Thanachart Boonla, Tiwa Moeithaisong, Teerawat Rujintham et Chalerm Wongpim et qui nous offre par moment des plans vraiment saisissants, notamment lors des instants que passe le groupe au milieu de leur ruine en bord en plage.
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