Composé de vignettes comiques que juxtapose une mise en scène énergique mais sans personnalité aucune, King Ralph présente deux intérêts qui en justifient le visionnage. D’une part, le point de vue étranger porté par un Américain sur le système anglais et sa culture jongle avec les clichés tout en dénonçant la comédie sociale et le théâtre du monde, fait l’éloge de la grossièreté des manières et de la simplicité du goût comme remparts à l’hypocrisie et à la vanité. D’autre part, le film représente la solitude du pouvoir en ce que ledit Ralph souffre davantage de sa condition d’élu qu’il ne s’en réjouit et n’en jouit pleinement : écrasé sous le poids des convenances que matérialise la couronne trop lourde pour une tête, il erre d’une pièce à l’autre à la recherche d’un public ; showman de métier, il n’a d’yeux que pour la belle Miranda Green, danseuse de cabaret, et pour le clavecin accompagnant la chanson « Good Golly Miss Molly » (1958) de Little Richard. L’indication selon laquelle toutes les pièces du palais sont ouvertes au roi, réponse apportée au visiteur demandant à ses hôtes laquelle des fenêtres correspond à sa chambre, résonne ainsi comme l’avertissement d’un pouvoir théorique et abstrait : le roi incarne une image et doit, à ce titre, y subordonner son existence sensible et singulière. Un divertissement plutôt intelligent et bon enfant – car jamais vulgaire – que campent des acteurs talentueux, mention spéciale à John Goodman et Peter O’Toole.