Ce Rambo me fout en pétard pour plusieurs raisons :

a) des raisons artistiques ?
b) des raisons morales ?
c) des raisons politiques ?
d) des raisons historiques ?

(appuyez-sur-le-bouton)

L'intervention soviétique en Afghanistan en 1979 pour mater les talibans était dégueulasse, typique impérialiste. Mais de ce point de vue, l'Histoire nous apprend qu'il faut tourner sept fois l'arme dans sa bouche avant de tirer.

Ce Rambo-là est l'inverse de ce que Rambo était à l'origine. Le premier Rambo recensait 1 mort (même pas de sa faute en plus) tandis que le troisième volet en recense 127. Rambo était un soldat qui ne voulait plus de la guerre, un soldat devenu vagabond méprisé et pacifiste, violent par défaut, par légitimité ; c'était un retranché forcené, déterminé et aliéné par des décennies d'expériences de guerre.
Il faut le rappeler aux néophytes, "First blood" est le titre original des trois volets. John Rambo dit dans une scène du premier : "Ce sont eux qui ont versé le premier sang... Premier sang". Sa réaction est celle d'un soldat désorienté, seul, affamé, sans emploi et littéralement pris en otage dans une situation sans code d'honneur, une situation de défense et de représailles. Ce n'est pas celle d'un conquérant impérialiste. C'est pratiquement celle d'un prolétaire de la guerre. C'est en tous cas le plus bas échelon spécialisé de l'impérialisme.

Ils ont trahi la base du roman "First Blood" De David Morrell, écrit en 1972, en pleine guerre du Viet-Nam. Rambo, c'était le cri d'une injustice d'un soldat américain qui crie contre sa propre bureaucratie... et non le cri d'une injustice qui pousserait ce soldat, mystique en plus, pour qu'il marche derrière cette bureaucratie impérialiste. Cette bureaucratie, c'est celle de Trautman notamment, contre qui les sentiments de Rambo sont ambivalents.

... Ou alors, il faut voir ce troisième opus pour comprendre le premier... Déjà que l'histoire du deuxième était tout juste rattrapé par un final du feu de dieu - d'ailleurs ce final lancera, en 1988, le personnage de Sylvestre, chantre cynique d'une multinationale imaginaire et satirique, la fameuse World Company.

C'est fatigant tous ces gendarmes du monde, ces sauveurs de la veuve et de l'orphelin qui font des amalgames à tire-larigot et qui coûtent des dizaines de millions de dollars. L'amalgame étant le célèbre si vis pacem parabellum (six vis pas sèment, para bel homme), la guerre est le prix de la liberté, multipliée par un autre dicton : l'ennemi de mon ami est aussi mon ennemi.
Avec une telle mentalité, à ce tarif-là, je m'appelle Michel Drucker et le monde entier est mon ami... Et ça vaut quand même un p'tit coup de kalash dans ton anus. Ah les salauds de cocos !

Ah moi, si je pouvais tirer sur quelque chose... Je voudrais bien voir la gueule que tirerait un afghan en voyant une telle bêtise diffusée à des heures de grande écoute.

Tribute to John Rambo : http://www.lacoccinelle.net/243457.html
Contre l'hégémonisme et l'impérialisme : http://www.lacoccinelle.net/259507.html

Créée

le 12 nov. 2013

Modifiée

le 3 déc. 2013

Critique lue 1.4K fois

21 j'aime

10 commentaires

Andy Capet

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

21
10

D'autres avis sur Rambo III

Rambo III
Gand-Alf
4

Jamais sans mon colonel.

Avant de conclure momentanément les aventures du boxeur le plus célèbre de Philadelphie, Sylvester Stallone offre à ses fans un troisième volet de son autre personnage fétiche, John "C'est pas ma...

le 9 juil. 2015

36 j'aime

3

Rambo III
Andy-Capet
1

Rambobinez, svp

Ce Rambo me fout en pétard pour plusieurs raisons : a) des raisons artistiques ? b) des raisons morales ? c) des raisons politiques ? d) des raisons historiques...

le 12 nov. 2013

21 j'aime

10

Rambo III
LeTigre
7

Rambo sort l’artillerie lourde !

Le Rambo de trop ? C’est ce que je crois avoir entendu de la part de certains cinéphiles déçus par ce troisième épisode, un film vu comme une démarche commerciale et...

le 12 avr. 2018

16 j'aime

8

Du même critique

Into the Wild
Andy-Capet
2

Un connard de hippie blanc en liberté

Sur Into the Wild, je risque d'être méchant. Non, en fait, je vais être dur. Parce que j'assume totalement. C'est autant le film que ce qu'en font les admirateurs de ce film qui m'insupporte. Que...

le 27 janv. 2014

67 j'aime

71

Disneyland, mon vieux pays natal
Andy-Capet
7

Achète-moi un conte prêt à raconter

En tant qu'ancien travailleur de Disneyland, je ne suis jamais senti à ma place dans ce milieu. Tout ce que je voulais, c'était travailler en m'évadant. Ce fut le contraire. J'ai perdu mon innocence...

le 26 avr. 2013

60 j'aime

42

RoboCop
Andy-Capet
9

Leçon cinéphile adressée à tous les faux-culs prétentieux.

L'humour satirique et grotesque dans Robocop est une porte infectieuse pour laisser entrevoir autre chose que du pop corn pour petit garçon, une porte qui laisse un aperçu de cette société tyrannique...

le 10 déc. 2013

51 j'aime

38