La fin du précédent film montrait John Rambo revenir dans son pays, dans son ranch familial après tant d'années d'absence, ce qui épiloguait la saga de ce vétéran du Viêt-Nam et permettait de tourner la page. Hélas, il n'a pas été décidé que l'on laisse le héros de guerre socialement disgracié, maudit, hué au retour dans son pays à l'époque du Premier Sang. Il ne peut se reposer en lui infligeant, en plus des souvenirs qui le hantent, une nouvelle peine qui deviendra la raison violente de ce Dernier Sang.
Il faut avouer que, cependant, on ressent un plaisir coupable à l'idée que les méchants, cette fois des caïds d'un cartel mexicain, vont déguster très méchamment. La séquence en guise d'amuse œil où Stallone/Rambo, retranché chez lui, une fois de plus meurtri dans son âme et animé à se venger, prépare avec 'amour' une multitude de pièges aussi mortels que vicieux dont les dévastations corporelles impliqueront certains rires au second degré, crée un certain amusement malicieux.
Mais voilà, bien que John Rambo soit un personnage de fiction, pourquoi ne pas l'avoir laissé en paix ? Pourquoi lui faire subir encore des épreuves ? Quel est l'intérêt de ce cinquième film sinon que de divertir et de se réjouir de montrer une boucherie annoncée, jubilatoire quand on va le voir à plusieurs personnes, mais qui peut devenir paradoxalement lassante à force ?
Après la projection, c'est gêné que l'on peut ressortir malgré une prise d'empathie envers le soldat vieilli et fatigué, qui n'a encore plus rien à perdre dans son chant sanglant du cygne. Ce Dernier Sang est peut-être le sang de trop. Sylvester Stallone semble avoir des difficultés à se détacher de l'un de ses rôles les plus iconiques du cinéma d'action et de guerre américain.