Un film de Zombies allemand, et pourquoi pas ? Pourquoi n’y aurait-il pas autant de chances que le foyer d’une très certaine infection planétaire transformant les populations en meutes dégénérées et assoiffées de sang soit à Berlin, aussi bien qu’à New York ou Bénouville? Je pense même qu’il y a une probabilité plus importante que la zombification de l’humanité trouve son origine dans le pays D’Uwe Boll plutôt que dans celui de Sydney Pollack ou Gérard Lenorman . Comme me le révélait mon correspondant munichois quand j’avais 13 ans: « Man ist, was man isst ». Je ne l’avais alors pas compris, et je ne le comprends toujours pas, mais vous conviendrez que c’est plutôt louche. D’ailleurs tous mes amis qui parlent allemands sont dépressifs. Et je n’ai jamais vu de morts vivants avec le sourire. Ça fait réfléchir. Bref, après le très guilleret pensum japonais dans lequel le héros bien malgré lui accomplit un de mes fantasmes d’enfant, avaler de pleins tubes de gouaches, j’avais envie de souffler un peu en compagnie de mes amis les zombies. Des films les mettant en scène, il y en a des pelletés et bon nombre d’entre eux ne trouvent pas de diffuseur légal en France. Il y en a donc beaucoup éligibles au statut enviable, même si pas encore envié, d’Outbuster.
Plutôt que de succomber à la facilité et aller piocher au hasard dans les productions américaines (très nombreuses et rarement réussies dans le genre), je me décidais donc pour ce Rammbock, film allemand avec quelques récompenses à son actif et d’une durée qui rendrait indulgent le critique le plus impatient (à peine 1h). Durée permise notamment par l’absence complète de contextualisation de l’intrigue : les zombies débarquent, on ne sait comment ni pour quelle raisons, environ 1 minute après le début du film. Et c’est tant mieux. Personnellement je me fous de savoir pourquoi il y a des zombies du moment qu’il reste des survivants à becqueter. Ces survivants s’en foutent également. Ils ont bien d’autres sujets de préoccupation.
Même si le film ne transcende pas son genre d’origine, il est plutôt réussi et parvient à faire oublier un manque évident de moyen grâce à une créativité de tous les instants. Dans l’écriture surtout, l’intrigue réserve suffisamment de rebondissements pour qu’on ne s’ennuie jamais. Dans la mise en scène ensuite avec cette idée de faire communiquer les quelques habitants indemnes par les fenêtres d’appartements donnant sur leur cour d’immeuble, théâtre des pires atrocités. On pourrait regretter que le héros, se trouvant coincé dans l’immeuble alors qu’il tentait de récupérer sa petite amie, soit un peu faiblard et chauve mais on le lui pardonnera bien volontiers puisqu’il sera le seul à avoir un peu d’humour.
Pourquoi regarder : la durée serait une raison suffisante, le genre en plus.
Pourquoi ne pas regarder : parce que la langue de Goethe.