Uwe Boll c'est le petit point gênant, ce pixel mort sur votre télé LCD, ce point qui même si vous tentez d'en faire abstraction continue à rester vert fluo et à vous dire « je suis là, et je ne partirais jamais tant que tu ne changeras pas de télé », et même s'il est exaspérant ne cesse de vous rappeler que si il est là c'est pour une raison, ça n'est pas lui qui pose problème, c'est l'ensemble complet en lui-même, ça ne vient pas de lui mais de la télé que vous avez acheté.
Le cinéma est pareil. Finies les dernières décennies où les blockbusters savaient être pleins d'effets spéciaux mais se montrer également divertissants, tout se suit et se ressemble, à coup de 3d-relief — de péruviens sponsorisée par efferalgan — en veux-tu en voilà. Hors dans ce petit monde de biatchs il reste des mutants, souvent incompris, comme Uwe Boll.
Uwe Boll a massacré les histoires de House of the Dead, Bloodrayne, Far Cry et Dungeon Siege ? Ah bon ? Quelles histoires ? Ok c'étaient de bons jeux, mais en rien réputés pour leurs histoires qui étaient particulièrement débiles voire inexistantes; remettons donc les choses à leur place.
Uwe Boll c'est aussi le réalisateur qui a fait ce que tout réalisateur voudrait faire à un critique qui descend son film, l'affronter sur un ring et lui coller une raclée en bonne et due forme, et c'est ce qu'il a fait en affrontant durant un tournoi de boxe intitulé « Raging Boll », dans lequel il affronta 10 adversaires à la suite, certains étant même boxeurs amateurs (à noter que Boll n'avait pas de protection, contrairement à ses adversaires qui portaient des casques de boxe). Pour Boll ce fut du gâteau comme claquer un noob à Tekken; certains furent fair-play et déclarèrent que Boll, même s'ils n'aimaient toujours pas ses films, était dans le privé un mec très sympa, alors que d'autres un, Richard Kyanka, après sa défaite (en moins de 10 pains) tenta misérablement de trouver des excuses et continua de faire sa pute sur le web (« la plume est plus puissante que l'épée », Edward Bulwer-Lytton avait oublié « les couilles pèsent plus que la plume »).
Bon beaucoup de blabla mais je voulais une petite préface à cette critique, pour que tout soit bien clair.
Rampage c'est tout d'abord un buzz-movie. Uwe lâche un trailer très sobre sur Youtube, petite introduction dv-style par Brendan Fletcher, l'acteur principal, le tout avec un synopsis des très simples « un type se fait une armure en Kevlar et déchaîne sa rage dans la ville en tirant sur tout ce qui bouge ». Comparaisons à Columbine et autres massacres organisés par des jeunes, tout y passe, et pourtant tout le monde se plante. Dés le début on comprend que tout ça n'a rien à voir avec Columbine, le jeune adulte, Bill, vit chez ses parents, s'est arrêté après son bac et n'a pas vraiment d'idée quant à son avenir, pas envie de continuer à étudier, juste glander. Il croise bien ça et là quelques personnes qui vont l'agacer mais rien qui puisse justifier ce massacre. C'est d'ailleurs là que réside tout l'intérêt du film: mais pourquoi fait-il tout cela ? Pas de stéréotype de jeune brimé du bahut, pas de parents qui l'ont maltraité, pas de petite amie qui l'ai éconduit, bref c'est ce manque de motivation qui nous fait nous demander, jusqu'au twist final, ce qu'il veut réellement.
D'ailleurs tout au long du film Boll sème des cailloux tout en les ramassant derrière lui, on croit qu'il veut se venger des gens qui l'ont envoyé bouler, ensuite on croit qu'il veut par son acte condamner le consumérisme en flinguant une bande de poufs dans un salon de beauté, on va même jusqu'à croire qu'il veut montrer le côté versatile des billets en faisant un feu de joie avec le contenu des coffres forts d'une banque, le tout en mitraillant aléatoirement les passants comme un gamer qui chercherait à être le plus recherché par les flics dans GTA.
Boll a été champion de boxe, a réalisé du nanard, a cassé la gueule à ses détracteurs, a eu une pétition sur le net pour qu'il arrête de faire du cinéma (et l'inverse, aussi) et a également réalisé ce qui est indubitablement un chef-d'oeuvre car personne n'aura jamais réussi à mélanger de la violence gratuite avec un scénario au final grandiose.
Pour finir je pense que certains Boll-haters devraient ranger leur fierté et apprécier un bon film, ainsi qu'oublier ses nanards et tenter d'apprécier ce qu'il a pu faire de bon, comme Amoklauf, Heart of America, Tunnel Rats, Postal ou encore Seed.
Mention spéciale pour la scène où Bill se pointe en armure, et armé, dans une salle de jeu de Bingo, où les vieux sont tellement zombifiés qu'ils ne remarquent même pas sa présence.
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le 12 oct. 2010

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