Ran est un film abolissant toute logique esthétique, portant la beauté cinématographique à un niveau inégalable. C'est un festival de couleurs délirantes, de chorégraphies de batailles ahurissantes, le tout magnifié par des plans sublimes. Joyau esthétique, Ran est aussi un joyau de jeu. Revisitant le drame shakespearien Le Roi Lear, Ran raconte la descente aux enfers d'un seigneur de guerre rejeté par ses fils, qui se lancent dans une guerre fratricide. Les tourments qui le rongent et la honte qui le submerge sont magnifiquement interprétés par Tatsuya Nakadai (Kagemusha), jouant une palette complète d'émotions qui mènent le roi à la folie pure. Film fou, se terminant dans les pleurs et l'explosion sanguine d'une décapitation cathartique rappelant Sanjuro, il est mis en ordre uniquement par l'utilisation parfaite des couleurs, celles des décors, des costumes, du ciel, des montagnes, des visages, de la poudre et du sang.