Peut-être (probablement) vous vous êtes dit en voyant ma note si j’allais bien. Parce que je connais des gens qui détestent Rango, qui trouvent ce film ridicule. Mais je n’arrive pas, à ne pas aimer Rango. Je n’arrive pas à me dire que c’est un mauvais film… Et pourquoi ? Parce que ce n’est pas un mauvais film. Parce qu’il a beau l’air idiot ce film, il ne l’est pas. Parce que pour moi, Rango est un chef d’œuvre.
Je me souviens, j’étais allé le voir au cinéma à l’époque, j’étais jeune et je n’avais pas compris grand-chose. Et c’était d’ailleurs l’avis global concernant les jeunes de mon âge à cette époque, faute d’avoir compris où le film voulait nous mener, nous avions fini par le rejeter. Puis les années ont passés, j’ai gagné en maturité (enfin, j’espère) et lors d’un nouveau visionnage, je me suis rendu compte que ce film était cool. Puis, je l’ai revu une nouvelle fois, et je redécouvrais sans cesse de nouveaux éléments qui m’avaient autrefois échappés. Et enfin j’ai compris où ce film voulait me mener, j’ai compris ce qu’il me disait et c’était pour moi une révélation !
Gore Verbinski nous tisse là le portrait de notre société à travers la classe pauvre. Et ce, dès la première séquence. Notre caméléon pose le décor, incarne son personnage et se livre à des aventures imaginaires. Seul dans son univers, le caméléon a créé son monde tel qu’il le veut. Jusqu’à ce qu’il se pose cette question : « qui suis-je en fin de compte ? Ce monde auquel je m’efforce de croire, n’est-il pas en fait une illusion ? » Puis la glace se brise, le caméléon se retrouve projeté dans une réalité terriblement plus sadique où il n’a pas vraiment sa place. Dans un voyage initiatique au fin fond du désert, le caméléon découvre une ville nommé « Dirt », ou « Poussière ». Et voilà ce qu’est cet endroit, une poussière dans l’immense désert qu’est le monde. Une poussière qui ne court qu’après une chose dont elle dépend, l’argent. L’argent est le symbole de la vie, et il était naturelle qu’il soit désigné par l’eau. Sans eau, nous mourrons. Sans argent nous mourrons. Le peuple court après cette unique raison de vivre, tandis que les riches (représentés par un seul personnage dont je ne vous donnerai pas l’identité) courent après des objectifs bien plus ambitieux laissant les autres dans le désespoir, allant même les utiliser comme de pitoyables pantins qui les aideront à créer un monde capitaliste où il ne leur manquera rien.
Mais qu’est donc notre cher caméléon en quête d’identité, rien. Du moins, c’est ce qu’on le laisse penser aux premiers abords. Notre caméléon se retrouve parmi ce peuple de pauvre. Mais lui à quelque chose de plus, quoi donc ? Une sacrée chance. Les riches de cette ville le désignent comme idole de Dirt. Le caméléon a enfin son identité « Rango » shérif qui sauvera la ville de la sécheresse. Mais qui n’est qu’en réalité qu’un pion de plus sur l’échiquier des riches qui s’en serviront pour se protéger de la colère des habitants de Dirt. Rango a enfin sa raison de vivre et devient un membre à part entière de cette société, allant même jusqu’à la guider vers d’innombrables espoirs se mettant les habitants de la ville à dos.
La fausse réalité que l’on a présentée à Rango fini par enfin lever le voile et le voilà perdu. Son rôle est fini dans ce monde, il est devenu comme d’innombrables idoles qui sont passés avant lui, qu’un vague souvenir d'un espoir perdu. Et lorsque la réalité lui apparaît enfin aux yeux, comprenant que les riches jettent l’argent par la fenêtre (symbolisée par cette merveilleuse scène où il découvre une ville avec des humains dont la pelouse est arrosée par des jets d’eau automatique), Rango comprend enfin les bas-fonds de notre monde et se décide de l’affronter, de s’indigner ce qui le mènera probablement à sa fin (comme le répètent sans cesse les oiseaux qui sont en fait la personnification des médias encore contrôlés par les grands de notre monde qui veulent vous faire croire que se placer contre la société, c’est devenir le méchant qui sera immédiatement foudroyé).
Donc je pense vous avoir assez bien prouvés que Rango n’est pas un film bête. Au contraire, il est à mes yeux, un passionnant portrait du monde dans lequel on vit et un grand chef d’œuvre. Que ce soit dans l’histoire, la mise en scène, les personnages, la musiques, chaque détail du film nous donne un élément important. Remettez ce film dans notre contexte et vous vous rendre compte qu’il est merveilleusement bien écrit. En plus, on retrouve toutes les qualités de Gore Verbinski, le montage parfaitement rythmé, l’humour absolument génial, les scènes d’actions complétement surréalistes mais tellement épiques… Franchement ce film est une claque ! J’ai pas envie de dire que les gens qui trouvent se film idiots le sont, mais quand je vois qu’ils se limitent à cet argument, je trouve ça dommage qu’ils soient passés à côté d’un tel chef d’œuvre !

Créée

le 6 août 2016

Critique lue 1.5K fois

6 j'aime

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

6

D'autres avis sur Rango

Rango
drélium
8

Lézardage hasardeux sur les arts

Oui, l'histoire est très con et mal fagotée. Oui, le lézard est gonflant à mythoner en lançant de sales petites blagues éculés, mais justement. Justement, c'est l'histoire d'un acteur mytho qui veut...

le 17 mai 2013

49 j'aime

Rango
AlexLoos
7

Take this Dreamworks

Dans le monde de l'animation on observe généralement deux catégories : Pixar et Dreamworks. Alors que l'un en impose chaque année avec ses films, l'autre au contraire continue de creuser le trou...

le 28 févr. 2011

46 j'aime

20

Rango
fabtx
7

Le bon, la brute et le caméléon

Je ne croyais pas trop à ce film et je suis allé le voir un peu par hasard (en gros j'ai vu de la lumière dans un cinéma et je suis rentré). Je m'attendais à une succession de gags potaches assez...

le 14 avr. 2011

38 j'aime

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

57 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

53 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15