Quand j’ai lu le résumé de l’histoire de Sempé et vu le casting composé de Benoît Poelvoorde et Édouard Baer, j’avais déjà une très grande envie de voir Raoul Taburin. J’ai trouvé d’autres superbes surprises en chemin.La première, c’est de voir comment un réalisateur aussi jeune ( trente deux ans) s’est approprié la patine d’une époque déjà ancienne. Les décors de son film sont superbes et on se recroit replongé à l’époque du petit Nicolas, de ses moments où la sensibilité des moments de passages d’une vie était magnifiée avec cœur et attention. L’histoire de cet homme ayant le complexe de ne pas savoir faire du vélo depuis son enfance nous parle car elle nous renvoie quelque part à nos petits blocages intimes nous suivant dans la vie.Regarder tomber Raoul Taburin de vélo, c’est entrevoir aussi nos chutes ponctuelles sur le parcours.J’ai beaucoup aimé la tonalité de l’histoire où du complexe de Raoul naît des moments drôles sans que la moquerie triomphe.Au contraire, les proches de Raoul s’interrogent sur ses moments de doutes, d’évitements et se demandent bien ce qui le ronge.Ce qui m’a beaucoup plus, c’est comment l’histoire de Sempé nous met dans les baskets de Raoul ressentant sa non-connaissance du vélo comme un complexe grave. Et que finalement, d’autres talents cachés vont se révéler, lui prouver qu’il a heureusement en lui d’autres ressources pour exister et se réaliser à côté d’un complexe pas si grave.Et la grâce naît là. Ensuite, la relation entre Figougne et Taburin recèle des pépites d’attraction/répulsion animant cette amitié particulière de moments savoureux; et toujours dans cet esprit que nos proches n’arrivent pas forcément à mettre le doigt sur certaines de nos misères car ils voient le monde avec leurs propres yeux et pas les nôtres.En une heure trente, Pierre Godeau, épaulé par un casting brillant et inspiré, arrivé à nous faire ressentir tellement de choses, nous émouvoir, nous faire rire et on ressort enrichis de la projection. Ayant plutôt vu des gens d’un certain âge dans la salle, je conçois aussi qu’il serait dommage que des spectateurs plus jeunes ne voient pas Raoul Taburin pour sa force de vie et l’amour de la communauté humaine dans son ensemble que le film distille sans trop de sagesse mais une grande empathie .Pour finir, un ultime coup de chapeau à Benoît Poelvoorde dont l’investissement d’acteur et de voix off sur le film est remarquable et contribue à sa richesse évocatrice.