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Avant-propos: Le tronc de cette critique est basé sur la critique diégétique au film d’Anton Ego, clôturant la pellicule.
À bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose, et pourtant, nous jouissons d ’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le film le plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel. Il est pourtant des circonstances où le critique prend un vrai risque : c’est lorsqu'il découvre et défend l’innovation.
Le monde est souvent malveillant à l’encontre des nouveaux talents et de la création. Le nouveau a besoin d’amis. Ce que la Warner n’avait pas fourni à Brad Bird sur le chef d'œuvre Le Géant de Fer, abandonnant le film alors qu’il était prêt. Hier soir, j’ai vécu une expérience confondante. J’ai redécouvert une œuvre extraordinaire, d’une origine singulière s’il en est. Avancer que son message et son créateur ont radicalement conforté l’idée que je me faisait de l’animation serait peu dire. Ils m’ont bouleversé au plus profond de mon être. Je n’ai jamais fait mystère de l’adhésion que m’inspirait la devise de Walt Disney : « Les adultes ne sont que des enfants qui ont grandi. ».
Mais ce n’est qu’avec des films de cet acabit seulement que je comprenais vraiment ce qu’il voulait dire. Tout le monde ne peut pas garder cet enfant au premier plan de leur être. Mais une résurgence peut surgir n’importe quand, devant une belle œuvre. Il est difficile d'imaginer un exemple plus flagrant que celle-ci, issue du génie qui officiait alors chez Pixar et qui n’est à mes yeux rien de moins que l’un des plus grands artisans contemporains d’Hollywood. Je retournerai perpétuellement dans sa filmographie, plus affamé que jamais.
Bonus:
Fine food and film - 13 minutes
Analyse mettant en parallèle les processus créatifs dans un studio d’animation, avec Brad Bird, et en cuisine, avec le chef Thomas Keller. L’analogie est bien utilisée pour faire comprendre que contrairement au cinéma traditionnel, toute illusion d’improvisation est manufacturée de toute pièce tant la création d’une telle œuvre doit être millimétrée. Comme dans une grande cuisine.
Your Friend the Rat - 11 minutes
Documentaire animé en compagnie de Rémy et son frère, retraçant l’histoire du rat vis à vis de l’humanité. On y suit les grands flux migratoires, la peste, les changements d’espèces dominantes… Tout ça avec une animation au poil. Et si le court est plutôt destiné aux jeunes, j’y ai quand même appris des choses!
Lifted - 5 minutes
Court-métrage retraçant la tentative d’enlèvement d’un rural par rayon tracteur, le tout dans le contexte d’un examen de pilotage de l’alien. Drôle et bienveillant.
Scènes coupées avec commentaires
Les scènes sont montrées via les storyboards existant, et Brad Bird explique en voix-off pourquoi telle ou telle séquence n’a pas été gardée dans le projet final. La plupart sont très intéressantes, mais l’explication l’est encore plus tant elle fait montre d’une maîtrise parfaite de la narration. On a ainsi rejeté des scènes spectaculaires pour ne pas nuire à l’impact émotionnel global.
Animation briefings - 15 minutes
Sans doute la pièce maîtresse de cette galette. On y voit différentes séquences où sont réunis tous les chefs d’équipe dans la salle de projection du studio, où s’affichent à l’écran des prototypes low-poly des scènes du film. Brad Bird s’adresse à son assemblée en décortiquant ce qui marche et ne marche pas, les ajustements à apporter, etc… Un superbe exemple, concret, pour comprendre tous les process ardus existant dans la création d’un film d’animation, et qui démontre le talent de chef d’orchestre du réal.