À bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-choses, et pourtant, nous jouissons d ’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le film le plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel. Il est pourtant des circonstances où le critique prend un vrai risque : c’est lorsqu’il découvre et défend l’innovation. Le monde est souvent malveillant à l’encontre des nouveaux talents et de la création. Le nouveau a besoin d’amis. Hier soir, j’ai vécu une expérience inédite. J’ai regardé un film extraordinaire d’une origine singulière s’il en est. Avancer que ce dessin animé et son créateur ont radicalement changés l’idée que je faisait du grand cinéma serait peu dire. Ils m’ont bouleversé au plus profond de mon être. Je n’ai jamais fais mystère du mépris que m’inspirait la devise de Gusteau : « Tout le monde peut faire des films ».
Mais ce n’est qu’aujourd’hui, aujourd’hui seulement que je comprends vraiment ce qu’il voulait dire. Tout le monde ne peut pas devenir un grand artiste. Mais un grand artiste peut surgir n’importe où. Je retournerai bientôt voir un pixar , avec plus d'attentes que jamais.