Réalisatrice britannique au style à la fois racé, typique de son environnement et singulier dans le même mouvement de brillance artistique Lynne Ramsay compte sans nul doute parmi les cinéastes les plus passionnants du Cinéma de ces vingt dernières années. Principalement connue pour ses deux derniers longs métrages en date ( le terrifiant We Need to Talk about Kevin puis le déconcertant mais captivant A Beautiful Day...) Lynne Ramsay a également tourné une poignée de courts métrages remarqués par le public et la critique, ainsi qu'un premier long pour le moins malaisant au crépuscule du XXème Siècle : le fascinant Ratcatcher, drame social tenant lieu dans les bas-fonds suburbains de Glasgow, film à l'atmosphère fièrement morose et dérangeante doublée d'un style visuel, sonore et musical annonçant la maîtrise technique de ses dernières créations...
Se penchant sans complaisance sur une enfance sinistrée évoluant dans un milieu social mêlé de violence et de délinquance la caméra de Lynne Ramsay accompagne le chemin douloureux de James, préadolescent taciturne rêvant d'une vie meilleure flanqué d'un bon copain désespérément naïf et d'une amie de petite vertu, camarades eux-mêmes livrés au climat délétère enveloppant ledit métrage. Rude, puissamment visuel et peuplé d'audaces stylistiques tout à fait salutaires Ratcatcher n'est ni plus ni moins qu'un excellent premier film, à l'unité cinématographique incontestable... On pense par ailleurs aux films sociaux du prolifique Ken Loach dans cette manière de filmer les extérieurs grisâtres d'une Écosse en proie à la marginalité, mais également à un film comme This is England...
Peinture sociologique d'une jeunesse monstrueuse invitant ses pairs aux initiations cruelles voire sadiques ( de ce point de vue la vision mémorable d'une souris méchamment nouée à la ficelle d'un ballon volant est un petit paradigme de perversité ) Ratcatcher est de fait une véritable belle surprise de cinéma, inventive et homogène tout à la fois. A voir absolument.