C'est l'histoire d'un apprenti cinéaste (Vishnu Vishal, un Mercury indien avec une belle moustache) qui aimerait faire un film de serial killer, mais qui, faute d'avoir trouvé un financement, devient policier. Pas un simple policier, un super-policier, lancé sur la piste, attachez-vous bien, d'un serial-killer, assassinant de manière extrêmement sadique et violente des jeunes filles.
Hésitant entre comédie romantique et thriller fincherien bien flippant, Ratsasan est surtout ridicule par son traitement narratif raté. Le film brille en-effet par l'absence totale de psychologie et d'un scénario si peu crédible : ici, tous les éléments de l'intrigue sont donnés sans mystère ou suspens, le héros capte tout, sans hésitation ou doutes, et les heureuses coïncidences sont trop nombreuses que pour être listées. Une musique pompière omniprésente surligne quasiment chaque scène. On est content que le film s'arrête pour profiter du silence et des oiseaux qui chantent.
Dans Ratsasan, la torture policière semble faire partie des moeurs, les flics rendent leur propre justice sans procès ou preuves, des coups donnés par un professeur dans une classe à des filles ayant de mauvaises notes n'émeuvent pas grand monde, l'harcèlement des femmes dans la rue n'est pas condamné pour ce qu'il est. Il est évident que nous regardons un film d'une autre culture que la nôtre, mais cela n'implique pas d'accepter sans broncher un non-respect des droits fondamentaux des hommes et des femmes.
Malgré une réalisation potable et un rythme rapide, le montage et le traitement de l'histoire ne laisse pas l'occasion d'établir une quelconque relation entre les personnages et le spectateur. Mais le plus gros souci, c'est le vide monumental se terrant derrière la caméra : le film n'a rien à nous dire (de nouveau, d'intéressant), le cinéaste non plus, pas de point de vue, rien. Il fonce dans le vide, et nous avec.