Avec le recule, il convient de considérer Re-Animator comme l'un des films d’horreur ayant portée le cinéma gore à son apogée au côté des monstres sacrés que furent Evil Dead et Braindead. Ce succès plus ou moins inattendu constitua une aubaine financière pour Empire bien que son producteur Brian Yuzna n’en verra jamais la couleur. Il aura donc fallu cinq ans pour mettre une suite sur pied sous l’impulsion de ce dernier, après une dernière collaboration avec le réalisateur Stuart Gordon et le producteur-distributeur Charles Band dans le cadre de From Beyond ; autre adaptation lovecraftienne avec Barbara Crampton et Jeffrey Combs. Après quoi, il quittera finalement la société en intentant un procès à son patron, faute de pouvoir percevoir sa part des bénéfices. Yuzna qui possédait les droits des suites éventuelles à donner à la saga pris donc son indépendance en même temps que son envol après un ultime désaccord avec Gordon dans le cadre du scénario qu’ils avaient travaillés ensemble, le contraignant à devoir en écrire un nouveau. Au-delà du travail préparatoire non rémunérés, on peut également supposer que Stuart Gordon ne souhaitait pas nuire à son association avec Charles Band pour lequel il aura offert les meilleures films de ses deux sociétés de production malgré la faillite d’Empire occasionné par son blockbuster maison Robot Jox. De son côté Yuzna retravailla alors le script à la hâte au côté de Rick Fry et Woody Keith. Ensemble, le trio livrera un hommage appuyé à l’œuvre de Mary Shelley ainsi qu’à La Fiancée de Frankenstein de James Whale dont l’intrigue reprenait grossièrement la même idée jusqu’au choix de son titre.


Offrir une suite à Re-Animator paraissait néanmoins compliqué après son dénouement infernal. En effet, l’histoire se concluait par un ultime bain de sang et de boyaux entrelacés. Stuart Gordon avait omis volontairement de nous dévoiler la résolution. D’une part,parce que c’était mieux ainsi et cela permettait de verser dans l’ironie macabre des traditionnels EC Comics. Mais ce choix aurait également été influencé par une scène coupé lors du montage final en raison de problèmes techniques. On supposait donc qu’Herbet West avait succombé dans l’enfer de cette morgue envahi de zombie. Pourtant il y aura échappé belle au même titre que Dan Cain avec lequel il aura dû fuir le pays pour se réfugier en Amérique latine le temps de laisser les choses se tasser. Cinq ans à soulager et accompagner les blessés d'une guérilla dans leur terrible agonie, ce qui constitua une aubaine pour s’approvisionner en cadavre afin de parfaire le sérum miracle censé ramener les morts à la vie. Après une nouvelle découverte scientifique obtenue grâce aux vertus d’une glande de reptile, les deux compères vont alors revenir sur leurs traces à Miskatonic pour tester leurs travaux. On ne change pas une équipe qui gagne, et Brian Yuzna poursuit les pantalonnades, expérimentations délirantes et les situations nonsensiques pour délivrer des scènes choques à grand renfort d’effets gore et d’humour noir rapiécés autour d’une intrigue familière auquel il opère plusieurs greffons pour étoffer son canevas. S’il est toujours difficile de passer derrière un classique, Re-Animator II parvient à s’accommoder de son héritage et à s’en émanciper grâce à son atmosphère mortifère et son défilé de monstruosités.


L’alchimie opère grâce au duo fraternel formé par les deux interprètes, complice dans les expériences, les meurtres et les galères. Dan Cain est toujours aussi romantique qu’avant et West pas moins arrogant. Jeffrey Combs s’enfonce même encore un peu plus loin dans la folie et effectue la parfaite filiation avec le Docteur Frankenstein campé autrefois par Peter Cushing. Son personnage ne se limite plus d’aucune contrainte morale ou éthique pour s’investir l’âme d’un démiurge, inventant de nouvelles espèces (araignée confectionné avec un œil et des phalanges tranchés, et d’autres réductions d’êtres humains abominables) avant de les enfermer derrière le muret d’une crypte attenante à son nouveau laboratoire. Cette suite approfondie donc le mythe du savant fou à l’extrême. Dans le même ordre d’idée, Herbert West tente de recréer la vie autour du cœur de Meg en prélevant des tissus organique, organes et morceaux de corps sur d’autres sujets. Mais le résultat ne sera pas à la hauteur de ce qu’il espérait. Fatalement, dans sa folie des grandeurs, ce dernier va semer une nouvelle armée de mort-vivant derrière lui emmené par son meilleur ennemi : le docteur Carl Hill, désormais affublé d’ailes de chauve-souris. Un beau bordel qui culminera dans un final bouillonnant à la limite de l’hystérie, emportant tout sur son passage dans un dernier éboulement. Une petite mort, avant une future renerection (contraction d’érection et de Résurrection pour les gens peu "culturés"), cette fois ci derrière des barreaux de prison.



Si tu es un zombie abruti par le consumérisme ou bien un crétin congénital obsédé par les réseaux sociaux… Il n’est pas trop tard pour te ramener à la vie. Rends-toi sur L’Écran Barge pour une dégustation gratuite de tripailles et de jambonneaux, du moins si tu es un cinéphile doté de bon goût et surtout d'un cerveau.

Le-Roy-du-Bis
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le 21 oct. 2024

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