Re: Born
5.5
Re: Born

Film de Yûji Shimomura (2016)

Il y a des moments comme cela où l’on découvre un film auquel on ne s’attendait pas et dont on n’attendait rien non plus. Ces films apparaissent dans la vie du spectateur généralement dans le creux de la vague, lorsqu’il n’y a plus trop d’engouement pour les films actuels. C’est là que la curiosité est plus forte que tout.


Re:Born fait partie de ces films passé inaperçu et sous-estimé (incompréhensible !). Certes le scénario n’est pas bien épais. C’est en gros l’histoire de Toshiro (Tak Sakaguchi), un ex-agent des forces spéciales japonaises qui mène une vie en apparence paisible à la campagne japonaise, luttant contre ses pulsions post-traumatiques de son ancienne vie. Lorsque son ancien commandant, le mystérieux « Phantom » (Akio Ôtsuka), sort de l'ombre pour se venger, Toshiro se lance alors dans un massacre furieux contre une escouade d'assassins impitoyables.


Réalisé par Yuji Shimomura, Re:Born est en quelque sorte l’antithèse d’un film comme The Raid. Ici la mise en scène est très soignée, documentée et sans boursouflure. Les affrontements pensés et étudiés et les comédiens sont habités par leur rôle, certes pas difficiles, mais ils sont crédibles.


Le film repose essentiellement par son haut-concept incroyablement maîtrisé et appelé « Zero Range Combat » assez proche du Close-Quarter-Combat militaire. C’est simple, jamais des combats aux couteaux (ou autre lames courtes) auront été aussi spectaculaire. Et c’est dingue à quel point, les performances des comédiens/cascadeurs accrochent la rétine. C’est sans fioriture, violent, sec. Chaque coup porté n’a qu’un seul but : tuer. Un concept entier résumé dans l’un des dialogues du film quand Toshiro confiera son psychiatre : « Je traite ça comme… couper les cordes d’une marionnette ».


Et ça ne s’arrête pas là, le réalisateur a eu la judicieuse idée de varier sa mise en scène, selon le lieu de l’action tout apportant une attention obsessionnelle dans la technique du combat. Ainsi les détails sur les déplacements, sur les armes et leurs stratégies adoptées sont mis en avant, si bien que l’action n’est jamais redondante. Tout l’inverse d’un film comme The Raid !


Pour emballer tout ça, le réalisateur n’oublie pas quelques références et en particulier à la saga du jeu vidéo culte Metal Gear Solid qui, avant Re:Born, avait mis le CQC à l’honneur. Le scénario s’inspire également beaucoup de la création vidéo-ludique d’Hideo Kojima notamment par son côté « super soldat » donnant au film une ambiance « surnaturelle », ainsi que les noms des nemesis (Abyss Walker…) ou le look du big boss. Le final dans la forêt vous fera inévitablement penser à Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. On notera également ce mélange typiquement japonais alternant sadisme et moment « kawaï » introduit par la toute petite Sachi.


Vous l’aurez compris de par le charisme glacial de son acteur principal Tak Sakaguchi, son approche du cinéma fantastique et son impressionnant concept, Re:Born est une réussite exemplaire du cinéma d’arts martiaux violent. Bien supérieur que tout ce qui nous ait actuellement vendu dans le domaine. Une réussite indéniable que l’on doit au trio Yuji Shimomura, Tak Sakaguchi et Yoshitaka Inagawa, le chorégraphe de la discipline et interprète de l’impitoyable Abyss Walker dans le film.

Tirry
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le 23 mai 2018

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