La pluie et la curiosité m’ont poussé à aller voir Ready Player One dès la deuxième séance de l’après-midi de sa sortie.L’intrigue principale,soit une bande de gamers geeks cherchant à décrocher des sésames pour devenir le successeur du créateur de l’Oasis,ne me motivait pas plus que ça.Par contre,le foisonnement annoncé de l’action et son traitement par le révéré Steven Spielberg exigeait une analyse approfondie.Mon à priori de base a commencé à s’effriter grâce au personnage de Wade Watts,véritable version 2.0 d’un certain Marty Mc Fly (Retour vers le futur),en plus introverti mais en plus réfléchi.La situation de l’action en 2045 et le rapport au virtuel tout-puissant font adhérer à cet adolescent mal dégrossi cherchant un sens à la vie,puis par extension à sa bande qu’il découvre au détour d’actions bien rythmées et musclées.Premier coup de cœur.Ensuite,Steven Spielberg parvient,servi par un scénario original génial,à ne pas faire de Ready Player One une quête ultime de l’Oasis,ponctuée d’effets spéciaux omniprésents.Ces derniers,ne pouvant pas garantir l’âme du film,se révélant par d’autres ajouts précieux.En effet,au-delà des références à des films ou des personnages cultes (que vous reconnaîtrez avec plus de facilité si vous avez plus de vingt cinq ans),la personnalité complexe de Halliday (créateur décédé de l’Oasis dont les moments de vie décryptés par Parzifal/Wade et Artémis/Samantha sont des puzzles abyssaux),participe à cette élévation du film dans une autre dimension.Quelque part,ce gourou de l’industrie virtuelle,tout comme l’anti-héros d’Orson Wells et son Rosebud,a une authenticité émouvante qu’il cachait pour ne pas exposer.Le regard d’Halliday sur sa vie jugée incomplète sur certains de ses aspects,ne peut que parler à Wade s’identifiant à son parcours.La résolution des énigmes du Sphinx de l’Oasis comptant parmi les moments subtils et majeurs du film. Et c’est par ce biais que le public d’un certain âge de Ready Player One se retrouve comme par magie en phase avec la génération actuelle.Là où le clinquant technologique fait place à des vérités puissantes et simples.Je retiendrai la plus parlante qui est que RIEN NE REMPLACE LA RÉALITÉ.Faire émerger ce message clivant d’une force incroyable dans un univers dévoué au culte virtuel est tout bonnement libérateur et salvateur.Les derniers moments du film sont donc savoureux car Wade,Samantha et les autres ne font qu’apprécier cette vérité qu’ils avaient fui par renoncement ou désespoir.C’est là que l’action movie affirme un supplément d’âme et fait ressortir le public de la salle avec un sourire intérieur.Belle prouesse en ces temps déjà troublés où le virtuel peut faire régresser certains individus.Sans être moraliste,Ready Player One,nous exhorte à être des veilleurs sur notre qualité de vie car les écrans ne sont pas nos vraies existences.Un dernier mot sur l’ultime référence du film,que je conçois comme d’autres,à un hommage subtil à ce cinéaste multiple qu’est Robert Zemeckis.Véritablement incarné dans cette histoire par le personnage d’Ogden Morrow,le réalisateur emblématique des années 90 fut synonyme de cinéma populaire et divertissant.C’est aussi l’alter-égo de Spielberg sur cette période dorée,qui en profite pour lui faire un clin d’oeil sincère et sympa.