Qu'on aime ou qu'on déteste le roman d'Ernest Cline, Ready Player One, le livre, avait le mérite d'être cohérent de bout en bout. Et si le livre dégouline de références à la pop culture des années 70 et 80, c'était avant tout pour servir le récit et matérialiser l'obsession maladive des "Chassoeufs" qui tentent désespérément de résoudre les différentes énigmes du créateur de l'Oasis pour mettre la main sur plusieurs centaines de milliard de dollars et prendre le contrôle d'un univers virtuel qui a relégué la réalité au second plan. Ce qui n'est pas du tout le cas dans le film de Steven Spielberg. Si la trame de fond reste bien évidemment la même, tout est mis en œuvre pour flatter les souvenirs des trentenaires et quarantenaires qui iront voir le film plutôt que de servir le récit. Les références sont justes là pour faire cool et personne ne semble vraiment se préoccuper ou s’intéresser aux passions de James Halliday, le créateur de l'Oasis, pour tenter de résoudre les énigmes et mettre la main sur le fameux Easter Egg. Du moins du côté des héros, parce que les méchants, eux, semblent vraiment se casser le cul. A vrai dire, c'est peut-être la première fois où je trouve que Steven Spielberg a autant de mal à raconter une histoire. Presque tout est servi sur un plateau d'argent, merci les Deus Ex Machina, les personnages sont traités avec beaucoup trop de légèreté et certaines scènes sont incroyablement tirées par les cheveux. Tout arrive beaucoup trop vite, rien n’est jamais vraiment bien expliqué, tout est logique, tout le monde habite à moins d’un kilomètre à la ronde etc. etc. Bref, je trouve que beaucoup de choses ne vont pas.
Mais bon, je n’ai pas envie de faire mon rabat-joie et je trouve tout de même que Ready Player One est un très bon, pour ne pas dire excellent, divertissement. En plus d'être visuellement très réussi (c’est vraiment super jolie par moment), le film de Steven Spielberg propose une incroyable maîtrise du rythme qui fait qu'on ne s’ennuie presque jamais et qu’on ne sent pas du tout le temps passer. Il en va de même pour la réalisation avec des scènes vraiment démentes comme la course de début avec la Dolorean ou encore le combat final qui m'a collé une baffe et la banane aux lèvres pour le reste de la soirée. Une bataille épique qui grouille de personnages avec une explosion de références qui ont tout pour filer des crises d’épilepsie aux geek un peu trop fragiles qui n'auront jamais le temps de toutes les noter en un seul visionnage. Et c'est d'ailleurs là le plus gros défaut et peut-être aussi le meilleur point du film. Celui d'être un bon gros trip de geek nostalgique et finalement rien de plus. Un film qui manque cruellement de fond, mais dont la forme a tout pour plaire. Reste à voir de quel côté de la barrière vous vous situez. Moi je suis mitigé.