En adaptant Ready Player One, le roman culte d’Ernest Cline, Spielberg signe son grand retour à la SF. Pour faire une bonne adaptation, à mes yeux, il faut préserver la philosophie et le message de l’oeuvre d’origine tout en mettant sa touche personnelle pour l’enrichir. Ici, nous sommes indéniablement devant une grande adaptation. Zak Penn et Ernest Cline ont su prendre le roman et le simplifier tout en gardant son essence et son originalité. Les ajouts et changements effectués fonctionnent très bien et rendent cette histoire très cinématographique. Les personnages sont, bien entendu, moins développés que dans le roman, mais jamais pour ne pas croire en eux. Ils sont attachants, dynamiques, complexes et surtout comme nous!
Ready Player One c’est avant tout une belle histoire d’amour avec un fond d’anticipation, d’avertissement sur la technologie à venir mais surtout, sur la réalité. Aussi dure qu’elle peut l’être, elle reste la seule qui peut vous donner ce que vous recherchez. Il y a dans cette histoire un petit quelque chose qui vient nous chercher, nous allume, qui nous chamboule. Au-delà des références nombreuses aux années 80, qui sont de plus en plus à la mode, ce roman parle à une génération qui s’est souvent sentie seule. Cette génération de geeks, ceux qui mangent seuls à la cafétéria, qui se regroupent dans des sous-sols obscurs pour jouer à des jeux immersifs pour échapper à la réalité, qui se font regarder comme des étrangers quand ils portent un chandail de Spider-Man pour leur bal de finissants. Une génération perdue, avec la tête dans l’espace, qui a été portée par Star Wars, Philip K. Dick, Dune, Akira et j’en passe. Cette génération dont je fais partie.
Spielberg en fait la pierre angulaire de son nouveau film. Ce sont eux qui sont les héros, qui sont les sauveurs. Eux que le riche et talentueux créateur de jeux James D. Halliday a choisis comme futurs successeurs de sa fortune, mais surtout de son OASIS. Car l'OASIS est devenu la nouvelle réalité. Créée à la base comme un jeu, elle s'est imposée comme réalité pour contrer celle qui prend place en 2045 et qui n’est pas joyeuse du tout! On y va à l’école, on y travaille mais surtout, on peut devenir n’importe qui, n’importe quoi et on peut faire ce qu’on veut. Qui ne rêve pas de ça! Halliday, avant sa mort, a créé une course à l’oeuf de Pâques. Son dernier jeu, sera le plus important de sa carrière mais aussi, le plus important de l’histoire. Trois clés, trois indices, pour trouver cet oeuf et prendre le contrôle de l’OASIS. Voilà donc la quête qui est à la base de cette histoire.
En fait, ce n’est que la surface de l’histoire. En profondeur, on y voit un questionnement sur notre futur. Un questionnement sur pourquoi nous fuyons notre réalité au lieu de faire face à nos problèmes. Ici, la société a abandonné. Elle ne fait plus d’efforts pour faire avancer l’humanité et résoudre les graves problèmes auxquels elle fait face. Les gens préfèrent fuir la vraie vie dans cet espace virtuel. Nous sommes clairement dans ce cheminement et je vais probablement voir ça de mon vivant, pour le meilleur et pour le pire. Spielberg nous le démontre avec une justesse et un dynamisme incroyables. Avec une réalisation sans failles, il nous montre les deux réalités de brillante façon. Il est lui-même une référence des années 80 mais jamais dans son film il ne se met en évidence, sauf une fois. Ce qui est tout à son honneur en sachant que le roman est bourré de références à ce grand réalisateur et qu’il est l’idole de l’auteur. Il y a des scènes dans ce film qui sont passées immédiatement à l’histoire dès leur première diffusion!
Plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi ce livre, et ce film maintenant, m’ont autant touché. Sans rentrer dans les détails, disons que je suis un peu comme Halliday. Je n’ai pas son talent, son intelligence, mais comme lui, j’ai eu de la difficulté à entrer en contact avec les gens à une certaine époque. Comme lui j’ai fui cette réalité et j’ai plongé dans les jeux de rôle ou j’ai pu faire et devenir ce que je voulais. Mais moi, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont fait comprendre qu’aussi terrifiante et pénible que soit la réalité, c’est aussi le seul endroit où l’on puisse trouver le véritable bonheur, car la réalité est réelle. Et le bonheur est souvent proche de nous, il suffit de regarder pour le trouver.
Un grand roman pour un grand film.
Voici mon appréciation du livre : https://www.facebook.com/notes/marc-gagnon/ready-player-one-le-livre-de-la-g%C3%A9n%C3%A9ration-x/1098870493581709/
Voici mes commentaires à chaud au Podcast des Crinqués : http://podcastdescrinques.website/2018/03/30/episode-special-12-ready-player-one/
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