A quelques films, deux ou trois, de finir la filmographie de la machine Hollywoodienne qu'est Steven Spielberg, je n'arrive toujours pas à me dire que je surkiffe ce créateur. Adulant des gens comme Clint Eastwood et autres grands noms, Spielberg ne me vient bizarrement pas en tête quand je cite ces gens, très étrange tant j'aime beaucoup de ses films, que je trouve son amour pour le cinéma débordant d'envie et sans aucune prétention.
En effet la chose que j'aime le plus chez cet homme, enfin "la chose", non c'est un tout, c'est de voir un cinéaste si puissant ne pas tomber dans le blockbuster bateau, c'est de voir qu'il aime ce qu'il fait, profondément, qu'il aime rendre hommage, ce film en est une preuve accomplie, et surtout qu'il peut être sur tous les fronts.
Le maître du divertissement de qualité, souvent haute voire très haute, peut passer d'un film d'horreur, Jaws, à du pur film d'aventure, Indiana Jones, au film historique, Schindler's List, de guerre, Il faut sauver le soldat Ryan, et autres séries sur le même thème. De la SF bien évidement, Minority Report ou encore A.I. Intelligence Artificielle. L'animation, Tintin, qui va avec ses films familiaux comme E.T. ou le récent Bon Gros Géant. Le biopic, Lincoln, Le Pont des espions...
Si tous ces films ne sont pas parfaits, ils forment une filmographie dingue, passionnée, admirable et riche.
Car Steven Spielberg fait ses films sérieusement, même les plus simples, les plus tendres, il ne laisse jamais ses œuvres devenir des produits filmiques sans âme. Difficile d'arriver à un tel niveau de maîtrise j'imagine, surtout quand on sort des œuvres à cette cadence. Déjà deux cette année et on est en Mars !
Si Pentagon Papers était une grosse attente, et l'est toujours car à l'heure où j'écris cette critique je ne l'ai pas encore zyeuté, Ready Player One ne pouvait pas moins l'être. Une adaptation de plus au compteur du géant Spielberg. Une adaptation qui ne peut que ravir les geek et fana de culture cinématographie ainsi que vidéoludique.
Une aventure qui si elle semble réservée à un certains public, les plus jeunes peut être, ne doit pas laisser cette impression, je pense que certes cela ne plaira pas à un très large panel de personnes mais on peut tout de même y trouver chacun notre compte.
Personnellement j'y ai tout trouvé, boulimique de cinéma, les références ne peuvent qu'être jouissives, je ne doute même pas d'en découvrir à chaque visionnage. Les plus visibles vont d'Akira à King Kong en passant par Jurassic Park, Le Géant de Fer, Retour vers le futur et j'en passe.
Puis en tant que bon gamer également, je n'ai pu qu'apprécier l'ambiance titanesque, se basant sur un univers ouvert aux multiples mondes, la base d'un gros MMO auquel on ajoute la fameuse réalité virtuelle. Certains jeux VR approchant du style existent déjà, mais au combien simplistes et graphiquement pas jojo, ce qui rend l'univers de Ready Player One magique, un vrai rêve de gosse, et même de grand gosse comme moi.
Les références vidéoludique vont donc bon train et à vive allure, avec Halo, Gears of War ou encore Overwatch, j'en passe et oublie un paquet.
RPO est à mes yeux, peut-être parce qu'il est frais dans ma tête, à la différence des dizaines d'autres œuvres du monsieur, un des meilleurs films de Steven. Visuellement c'est déjà une prouesse, arriver à un tel level de détails, de richesse, sans tomber dans le ridicule, dans le gratuit, c'est très fort, et surtout beau.
Typiquement un film que j'aurais achevé étant gamin, moi qui avait pour habitude de rembobiner les mêmes films, je pense sincèrement que celui-ci aurait mangé plusieurs des autres films que je me matais. D'ailleurs, il n'est pas passé en 3D dans mon cinéma et tant mieux, l’esprit retro cher à Steven qui imprègne ce film me parle beaucoup plus en 2D.
Ready Player One m'évoque soudainement une autre chose que j'admire chez Spielberg, ce gars aime les effets spéciaux, qu'ils soient concrets, donc matériels, tout autant que les effets numériques. Il ne cherche pas comme certains cinéastes à basher le numérique, pourquoi s'en priver d'ailleurs quand on peut réaliser tous ses rêves, laisser libre cours à son imagination.
Nous voilà donc devant un fourmillement d'effets, nous plongeant pleine balle dans un monde virtuel qu'on rêverait d’arpenter, aux innombrables possibilités et clins d'oeils.
Evidemment, nous ne pouvons pas passer 2h20 devant quelques cinématiques délicieusement construites, il nous faut des enjeux, une vraie quête, comme dans les jeux. Sauf qu'ici la quête en apparence toute bête, à l'instar de bon nombre de jeux vidéo, se répercute dans une réalité prenant place en 2045 où la seule liberté, la plus réjouissante du moins, la plus intéressante, devient la réalité virtuelle où nous pouvons rencontrer n'importe qui et faire à peu près n'importe quoi. Une liberté infinie qui sans s'en apercevoir bouffe la réalité, une partie des gens vivent comme des chiens dans une sorte de casse, empilés les uns sur les autres, passant le peu de pognon qu'ils ont dans du stuff et autres achats virtuels.
D'un autre coté une puissante multinationale s’attelle tel un camp de prisonniers à prendre le contrôle de cet univers nommé OASIS. Pour se faire, son créateur décédé, James Halliday, lança un défi ultime, celui de trouver trois clés plus que bien cachées dans diverses épreuves. Le possesseur de ces clés pourra dénicher l'Easter Egg, bonus cher à de nombreux jeux vidéo, afin de prendre le contrôle total de l'OASIS, ainsi qu'une somme gracieuse.
Une guerre entre joueurs et puissants prend donc effet, aussi bien dans le jeu que dans la réalité.
Spielberg signe ainsi une aventure complète, pleine de références et de termes geek, qui pourrait tout de même s'associer à un scénario classique. Pourtant je n'ai pas particulièrement senti cette facilité dont certains parlent, j'ai déjà vu bien moins fou. Il faut penser que ça reste avant tout un pur divertissement, qu'il faut parfois se laisser tenter à quelques facilités plutôt que de risquer la difficulté à perte. Je préfère ainsi une aventure digne de ce nom, simple comme celle-ci, plutôt qu'un truc faussement complexe qui ne remplit pas son rôle.
Le maître du divertissement maintiens donc son titre avec un épisode remarquable de maîtrise.
Techniquement il est certainement inutile d'en reparler mais je fais ce que je veux. Donc oui visuellement ce RPO est une tarte de bossue dans la joue gauche qui fait le retour pour claquer la droite. Dès les premières minutes je me sentais bien, je rêvais. La séquence dans l'univers de
Shining
a finie de m'achever, j'étais sur le cul... enfin j'étais assis donc déjà dans cette position forcément mais pwoua... le pied total ! Cette ambiance, ce grain d'image pour coller parfaitement, ces décors, réentendre ces musiques, le bonheur. On sent clairement le fanboy qu'est Steven et ça fait plaisir.
Magnifique de bout en bout donc. La réalisation s'avère d'ailleurs étonnante, que ça soit dans les tourbillons au sein de l'OASIS ou bien dans les séquences réelles, je ne saurais l'expliquer mais Spielberg joue avec les cadrages, comme si tout n'était que cinématique au final. Il se casse le fion à ne pas pondre du banal et de créer de véritables sensations. Notamment lors des visionnages des souvenirs d'Halliday, telle une vidéo à 360° à la netteté parfaite, bluffant.
Si les séquences folles déferlent comme des femmes hystériques les jours de soldes, le tout est superbement accompagné d'une bande originale aussi rétro que rythmée.
Aussi visionnaire que soit la mise en scène et ces effets spéciaux stupéfiants, à la photo d'un monde à l'autre superbement gérée, tantôt grisâtre, tantôt blindée de couleurs, il faut comme toujours à Spielby un casting royal.
Ainsi Tye Sheridan qui avait déjà un début de carrière assez fort, vient ajouter à son CV une perle de plus. Il porte génialement, tel un Marty McFly cette aventure sur ses épaules. Olivia Cooke l'accompagne tout aussi bien. Quand le superbe Ben Mendelsohn incarne le vilain de l'histoire, au final bien plus complexe qu'on pourrait le penser. La scène de fin où il se résigne à tirer apporte une certaine subtilité à son personnage, car tout du long et de sa vie, il ne semble pas avoir déjà tué, c'est un homme d'affaire plein de rancœur qui est prêt à tout dans le virtuel mais qui devant le fait réel se rend compte de la folie du geste.
Simon Pegg... bon dès qu'y a un film geek il est dedans donc ça n'en est même plus étonnant. Nan sincèrement j'adore ce gars et il trouve une place de choix ici. Aux côtés du nouveau choucou de Steven, Mark Rylance qui collabore avec lui pour la troisième fois déjà. Il porte le rôle phare de James Halliday, non sans une certaine tendresse.
En bref, Ready Player One s'avère aussi merveilleux qu'attachant, au point qu'on voudrait y plonger tête la première, conservant une morale aussi logique qu'importante : ne pas abuser du virtuel en essayant tout de même de garder une forme de liberté dans ce monde fatigué.
Un kiff mouvementé, spectaculaire et jouissif à l’exécution remarquable.