La belle surprise de Dupieux
Le synopsis est simple mais ne manque pas d’originalité : un homme, Alain Chabat, propose un scénario de films à un producteur, Jonathan Lambert qui lui dit oui à la seule condition qu’il y intègre le meilleur cri de l’histoire du cinéma. C’est avec ces seules informations que je suis allée voir le dernier film de Quentin Dupieux. Pourtant, le réalisateur de Réalité avait déjà frappé fort avec Rubber, il revient avec autant d’absurde et de décalage.
Le long-métrage est terriblement bien construit et c’est sur cet aspect qu’il en devient entêtant et irréel. L’atmosphère entre le rêve, la réalité, l’imagination des différents personnages est ponctuée par une musique lancinante du fabuleux Philip Glass. Tout d’abord on ne comprend pas tellement quels sont les liens entre les scènes et les personnages. Finalement, plus les scènes s’enchainent plus les liens deviennent multiples mais flous et nous font perdre la tête. Le prodige français Dupieux ne s’arrête pas à la réalisation d’une comédie absurde avec en tête d’affiche Alain Chabat (excellent acteur, nous l’avions oublié…) puisqu’il est non seulement derrière la caméra mais il gère également le son et les lumières. Mr Oizo, loin d’être seulement un DJ inventif, s’avère très cinéphile et nous retrouvons des références excellentes dans Réalité telles que Mulholland Drive de Lynch, Blow Out de Brian De Palma et toute l’œuvre de Buñuel.
N’attendez pas qu’on vous raconte l’histoire, elle n’est pas racontable. Ne vous attendez pas à aller voir une comédie française classique staring Alain Chabat, ce n’est pas classique. Ne vous attendez pas à rester indifférent face à son art, à priori vous allez rire, comme toute la salle. Ne vous attendez pas à quelque chose de banal, c’est original et c’est rafraichissant.
Je vous conseille de vous précipiter dans les salles de cinéma, c’est un excellent moment et il est indispensable de se souvenir que la comédie française ce n’est pas que La Famille Bélier (…nominé Meilleur Film aux César, sérieusement ?) mais qu’il existe encore du cinéma indépendant accessible à tous et drôle, par dessus-tout !