Chabatz d'entrar, comme on dit en Limousin

Pour se plonger dans Réalité, il faut un peu s'abandonner et être prêt à perdre pied. Car ce film est plus d'une fois déroutant.

Difficile d'ailleurs de le résumer. J'ai tenté, deux fois. Échec total car mes interlocuteurs m'ont regardés d'un air navré avec le sourcil faisant du pied à l'oeil du genre "mais qu'est-ce qu'elle raconte".
Bon j'avoue que mes explications n'étaient pas vraiment claires non plus ... "alors c'est l'histoire d'une petite fille qui trouve une cassette vidéo dans les entrailles d'un sanglier que son père vient juste de tuer. On ne sait pas jusqu'à la fin du film ce qu'il y a sur la vidéo mais on sait que la petite fille ne fait pas partie de la réalité car on la voit en tant que personnage du film d'un mec qui est produit par le même producteur que le personnage qu'incarne Alain Chabat qui lui aussi tente de réaliser un film d'horreur sur des télés possédées qui anéantiraient toute vie sur terre par le biais d'ondes magnétiques qui déclencheraient un cri d'horreur le plus horrible de toute l'histoire de l'humanité. Cri que le personnage interprété divinement par Alain Chabat doit trouver en 48h pour pouvoir être produit par le producteur qui produit le film dans lequel on voit la petit fille. tuvoiscquejveuxdire ?"

Marc-Antoine Mathieu, auteur et illustrateur de génie (cf: "Sens", la suite des "Julius Corentin Acquefacques" etc) disait : "L'absurde n'a de sens que si on l'accepte." C'est non seulement en lisant ses BD que cette phrase m'a fait sens, mais encore plus quand j'ai vu "Réalité" de Quentin Dupieux. Ce film m'a d'ailleurs immédiatement fait penser à l'univers de Marc-Antoine Mathieu qui se plaît à faire valser son personnage principal du rêve à la réalité et de la réalité au rêve.
Quand on travaille l'absurde, il faut que cela soit fait impeccablement pour que le spectateur puisse s'accrocher à quelque chose. Quentin Dupieux a bien réussi cela en créant un scénario des plus fins et intelligents, drôlement bizarre et bizarrement drôle, qui révèle une poésie et une grande beauté photographique.

Une fois qu'on est pris dans le jeu, on passe un sacré bon moment. Je suis ressortie de la salle de cinéma dans un sentiment étrange, il était 20h, les lampadaires éclairaient les branches fantomatiques des arbres et les planches humides du pont qui m'amenaient alors devant le donjon de la ville, une réalité bien onirique..
Eleonor
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le 1 mars 2015

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Eléonore

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