Je n'ai jamais été un grand fan de Quentin Dupieux. Je n'ai aimé aucun de ses films à part Rubber que j'ai trouvé génial (il y fait d'ailleurs référence ici, Rubber 2 est joué dans le cinéma où Jason voit son film). Mais quelque chose me disait que celui-ci serait différent. Et c'est le cas. J'ai beaucoup aimé. C'est complètement absurde, comme tous ses films certes, mais la magie a cette fois opéré sur moi. J'ai été littéralement fasciné par Réalité, un peu comme devant un Lynch (on pense un peu à Mulholland Drive). Niveau mise en scène et technique, il y a pourtant peu de différences avec Wrongs Cops ou Wrong. La photo est toujours superbe. Dupieux est son propre directeur photo, mais aussi monteur et bien sûr scénariste. Un scénario d'ailleurs incroyable, où rêve et réalité se mêlent de façon inextricable. Une merveille d'humour, d'étrangeté et d'intelligence aussi inquiétante qu'envoutante et qu'il ne faut surtout pas essayer de comprendre. Niveau casting, je craignais pour Alain Chabat, un peu de mal au début mais ça passe finalement très bien. C'est un plaisir de retrouver la trop rare Elodie Bouchez même si le rôle n'est pas très épais. Jonathan Lambert est étonnant mais surtout très drôle dans le rôle du producteur, tout comme Eric Wareheim, un des héros de Wrong Cops. Bref, Dupieux m'a complètement bluffé ici. J'ai trouvé ce Réalité totalement original, décalé et parfaitement maitrisé sur tous les plans : écriture, mise en scène, technique et direction d'acteurs. Une excellente surprise pour moi donc, vu l'apriori que j'avais sur le réalisateur. J'ai bien fait d'insister avec lui et devrais peut être revoir tous ses autres films. Voilà le film français le plus surréaliste, le plus surprenant et le plus déroutant vu depuis longtemps. Fascinant, jubilatoire et brillant.