Le seul nom de Quentin Dupieux suffit aujourd’hui à désigner toute la particularité et la singularité de son cinéma. A des années lumières de ce que peuvent faire d’autres réalisateurs, il possède sa propre patte, ses codes, et envoie bouler tout ce qui relève du conventionnel. Quatre films à son actif, et voici qu’arrive en salles la cinquième pépite intitulée Réalité, que Dupieux revendique comme étant l’oeuvre sur laquelle il aura le plus longuement travaillé. Même si le style reste intact, le réalisateur change néanmoins de décor, apportant une nouvelle dimension qui siéra d’une manière ou d’une autre aux inconditionnels, et qui réussira également à séduire un plus large public.

Il est toujours difficile d’appréhender un film de Quentin Dupieux, et il est plus difficile encore de le critiquer tant les œuvres qu’il réalise sont subjectives et ne sont pas susceptibles d’atteindre les mêmes personnes. Bien plus accessible cependant qu’un Rubber ou qu’un Wrong, Réalité aborde un sujet un poil plus terre à terre, mais qui, une fois lancé, vire dans l’absurde que l’on connaît à l’auteur où tous les éléments du film se mélangent, créant de ce fait un univers atypique où l’on ne cesse de chercher à différencier ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.

Outre le prénom d’un des personnages interprété par Kyla Kenedy, Réalité est aussi (et surtout) le résultat d’un subtil mashup entre les différents protagonistes : Chacune de leurs »petites histoires » vient s’imbriquer progressivement dans celles des autres, et la logique jusque là imparable nous fait perdre pied au fur et à mesure que le film avance, jusqu’à retrouver une certaine stabilité au bout du compte mais qui ne cesse de nous échapper malgré tout. C’est là l’exploit que réussit à accomplir Dupieux, en nous livrant une histoire à la fois inventive et particulièrement bien écrite, il crée avant tout un parallélisme incroyablement bien dosé qu’il est difficile de jauger au premier visionnage.

Réalité est donc un film à la fois riche, et très malin. Bien sûr, la prestation d’acteurs est impeccable (avec notamment un Alain Chabat très inspiré), et l’humour décalé, que les fidèles du réalisateur se feront un plaisir de retrouver, y est tout simplement excellent. Nul doute qu’il puisse s’agir du meilleur film de Quentin Dupieux, où le rendu final nous semble beaucoup moins inachevé que dans son quatrième long-métrage Wrong Cops. De quoi inciter certains détracteurs à aller visionner ce nouvel ovni qui, à l’instar de ses précédents films, ne pourra laisser personne de marbre.
Thomas_Genard
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le 12 mars 2015

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