Réalité par Julie_La_Roque
On adhère pas tous à l’humour de Quentin Dupieux. On adhère pas tous, plutôt, au personnage qui s’auto-référence toujours autant dans ses films, soit en citant ses oeuvres filmiques précédentes, soit en utilisant systématiquement ses propres compositions musicales.
Alors, oui, il peut nous sembler un tantinet agaçant, ce Quentin Dupieux. Mais malgré tout, il est toujours très plaisant de visionner ses films.
Parce qu’il manie avec brio les ficelles de ses scénarios, décalés à souhait, parfois inintelligibles. Son cinéma s’associe difficilement à un genre défini, tant il dépasse aisément toutes les frontières. Son dernier film, Réalité, semble nous prouver encore une fois que son art ne se définit pas, que la signature même du réalisateur serait celle-ci; le cinéma non défini, sans frontières, sans le respect des conventions scénaristiques classiques, et j’en passe.
Mais il n’y a pas que le non sens qui prédomine le cinéma de Dupieux. On retrouve dans Réalité la poésie de Wrong, qui manquait peut-être un peu à Wrong Cops. Cette poésie se traduit en image, via une mise en scène toujours contrôlée, et par les personnages, attachants, drôles, absurdes, paranoïaques, justes. Quentin Dupieux semble même se livrer un peu, à travers le personnage de Jason, lancé dans cette quête folle de trouver le meilleur gémissement. Le réalisateur évoque alors, discrètement, ses faiblesses, son rapport ambigu à la création, et pour aller plus loin, sa vision du système et de ses récompenses (il évoque l’oscar du meilleur gémissement, rien que ça).
Réalité n’est pas un film vain, car en plus d’être drôle, il parvient à provoquer chez le spectateur un sentiment d’euphorie, d’hallucination, comme si notre cerveau était en surchauffe, comme si l’eczéma nous rongeait aussi à l’intérieur.