Pour ma deuxième critique j'ai décidé de m'attaquer d'emblée à du lourd, voir même du très très lourd avec Réalité. Si vous ne connaissez pas Quentin Dupieux le mieux à faire avant d'attaquer sa filmographie c'est un lavage de cerveau afin d'oublier tout les codes du cinéma que vous avez inconsciemment acquis.


Après avoir détesté Steak (à cause de mon aversion pour Eric et Ramzy), adoré Rubber (pour son esprit what the fuck et son esthétique accrocheuse) et bien aimé Wrong Cops , je désirais voir Réalité depuis un bon moment sans du tout savoir à quoi m'attendre, si ce n'est à du Dupieux, puisque je m'étais interdit de lire le moindre article ou avis sur le film.


C'est donc de façon totalement innocente que j'ai entreprit de regarder Réalité avec toute l'ouverture d'esprit nécessaire. Dans un premier temps ma réaction a été la stupeur face à ce film à la construction totalement anarchique et pourtant assez bien ficelée, à l'esthétique propre à Dupieux qui ne laisse pas de place à la demi mesure (et que j'aime beaucoup pour ma part) et à des acteurs qui nourrissent le film de leur présence à l'écran (ce qui manquait cruellement à Steak selon moi). Ce film m'a donc dans un premier temps conquis même si à mon avis la multiplication des personnages et le croisement de leurs chemins n'a parfois aucun intérêt (l'acteur au costume qui gratte et qui ressemble à James Blunt pourrait ne pas apparaître le film en resterait quasi inchangé bien que un peu moins absurde).


Après réflexion ce qui me frappe avec Réalité c'est que Dupieux s'enferme dans une forme de cinéma qui si elle peut paraitre recherchée au premier coup d'oeil (et surtout pour une certaine intelligentsia dont les membres aiment se masturber mutuellement) n'est au final que facilité et auto-suffisance. Je sais qu'en disant ça je vais me mettre à dos un tas de personnes qui comme moi apprécie ou appréciait Dupieux mais ce n'est pas en mettant un mind fuck dans un mind fuck que l'on en fait un bon surtout si on ne renouvelle pas la forme. En effet Dupieux réutilise l'esthétique qui fait sa patte et l'absurdité qui fait son charme mais qui à force d'être poussée à l’extrême finit par s’essouffler.


Pour moi l'intérêt du film réside principalement dans l'interprétation des acteurs avec Jonathan Lambert fidèle à lui-même et qui surjoue à la perfection, Alain Chabat qui relève le niveau du film avec beaucoup de justesse dans son interprétation, Le Père de Lex Luthor dans Smallville qui campe une sorte de Dieu omniscient et suffisant grand régisseur du mind fuck dans lequel il est lui-même acteur (oui moi aussi cette phrase m'a fait chier). Un autre point positif c'est naturellement la BO qui pour moi colle parfaitement avec l'ambiance et l'idée même du film comme c'est souvent le cas avec Dupieux.


Pour résumé Réalité est un bon film malgré un réalisateur auto suffisant et enfermé dans sa bulle qui ferait mieux de se rappeler ce qu'il disait il n'y a pas si longtemps "il n'y a rien de plus beau dans l'art que de ne pas réfléchir".

apicarony
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le 11 févr. 2016

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apicarony

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