Rebecca
5.4
Rebecca

Film VOD (vidéo à la demande) de Ben Wheatley (2020)

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Qu'est-il arrivé à Baby Ben ?

Qu’est-il arrivé à Ben Wheatley ? Il y a dix ans, le réalisateur britannique déboulait dans le paysage cinématographique en s’imposant comme une nouvelle (et prometteuse) valeur sûre. En trois films (Touristes, Kill list et A field in England), Wheatley avait su bricoler un style singulier fait d’humour noir, de nonchalance et de décharges sensorielles. Mais depuis Free fire (voire depuis High-rise), il faut bien admettre que ce style a perdu de sa superbe, et Wheatley sa réputation de trublion mal léché. Preuve en est : son dernier film, Happy new year, Colin Burstead, est carrément passé à la trappe. Pas de sortie, pas de diffusion, pas de battage, rien. Et quand on sait que Wheatley va mettre en scène le prochain Tomb raider, on se dit qu’on a définitivement perdu le bonhomme.


L’annonce d’une nouvelle adaptation de Rebecca, le roman phare de Daphné du Maurier, 80 ans après celle d’Alfred Hitchcock considérée comme un classique, produite par Netflix et mise en scène par Wheatley, a donc laissé plus que circonspect. On voyait mal Wheatley, habitué à la violence et à la déconnade, se lancer dans un tel projet, même si celui-ci a admis que c’était un projet "un peu en dehors de mon univers, mais j’ai une ligne directrice voulant que plus un projet semble improbable, plus j’ai de chances de m’y intéresser". Dont acte. Le résultat confirme évidemment ce qui était prévisible, en dépit d’un infime espoir de possible réussite : Wheatley ne sait que faire du récit de du Maurier, filmant sagement et avec paresse cette histoire d’amour contrarié et d’emprise d’outre-tombe.


Pourtant tout le monde y met du sien : Kristin Scott Thomas (parfaite dans le rôle iconique de Mrs Danvers), Lily James et Armie Hammer devant la caméra, Laurie Rose à la photographie, Clint Mansell à la musique, sans oublier un Manderley magnifié mais un peu trop rutilant. L’aspect fantastico-gothique du roman (et du film d’Hitchcock) a été abandonné au profit d’une esthétique lisse et sans âme, oblitérant l’inquiétante étrangeté de la demeure, de Mrs Danvers et d’une intrigue faite d’abord de zones d’ombre et de mystères. On n’oubliera pas, dans la version d’Hitchcock, la vision finale de l’autoritaire gouvernante, quasi démoniaque au milieu des flammes, quand Wheatley la fait disparaître dans un grand plouf. À l’image finalement d’un film qui, et c’est ironique, produit à peu près le même effet.


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mymp
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le 6 nov. 2020

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