Documentaire documentant intéressant sur un segment particulier de la contre-culture britannique des années 80 : la rencontre entre les courant féministe et punk dans un pays où ce dernier tient une place prépondérante et un rayonnement majeur — au masculin avec les Clash, Sex Pistols, Damned, Adverts, Buzzcocks, The Fall, Stiff Little Fingers, Undertones, Exploited, Vibrators, etc. Une histoire racontée par les principales intéressées, chacune ayant une vision différente et complémentaire de l'époque de ces gangs de lesbiennes et de l'ambiance de révolte dans la région londonienne.
Le cadre est posé rapidement, car il est quand même vite intelligible : c'est l'Angleterre du temps de Thatcher et des manifestations contre la Section 28, une série de lois interdisant la "promotion de l'homosexualité" par les autorités locales qui a conduit de nombreuses organisations à se dissoudre ou à limiter / censurer leurs activités. En restant très éloigné de la culture féminine célèbre contemporaine (pour le dire autrement, aucune référence ne sera faite à Siouxsie Sioux et autres The Slits), les différents intervenants racontent le microcosme du Greenham Common Women's Peace Camp, celui du club SM Chain Reaction, leur rapport aux médias type BBC, l'ambiance profondément homophobe qui régnait, ainsi que des détails pragmatiques de l'impact de l'apparition du VIH sur les communautés LGBTQ.
Sans doute qu'un des aspects les plus intéressants de "Rebel Dykes" tient à la multiplicité des sous-factions présentées, partagées entre combats pour les libertés sexuelles génériques et d'autres beaucoup plus spécifiques sur la façon d'agir ou d'être représentées. Cette diversité est aussi illustrée par une multitude de groupes inconnus en dehors de ces cercles qui garnissent la bande son du docu (Poison Girls, The Brendas, The Sleeze Sisters, Sluts from Outer Space, Amy and the angels, Mouth Almighty, The Petticoats, Sister George, Well Oiled Sisters, The Gymslips). Le bouillonnement culturel et militant paraît à ce titre extrêmement vaste.