Rébellion
8.2
Rébellion

Film de Masaki Kobayashi (1967)

Japon, 1725, sous l'Ere Edo. Fatigué par les intrigues de clan, le sabreur Isaburo Sasahara décide de prendre sa retraite. Peu de temps après, le seigneur répudie son épouse Dame Ichi et demande que Yogoro, le fils de Sasahara, la prenne pour femme. Les Sasahara hésitent, car nul n'ignore la tendance rebelle voir hystérique de la jeune femme, mais finissent par accepter. A leur grande surprise, elle se révèle une épouse modèle, qui donnera naissance à une petite fille et apportera le bonheur dans leur foyer. Pourtant, deux ans plus tard, le seigneur exige son retour au château. [dvdclassik]

Yoko Tsukasa incarne une vibrante jeune épouse qui, si elle est condamnée à être un objet balloté, n'en garde pas moins une féroce indépendance. Toshiro Mifune (Isaburo), coincé entre le suzerain et sa cours, sa famille peu compréhensive et une hiérarchie totalement hermétique aux sentiments, ne désire plus qu'une chose, vivre ou tout du moins penser librement et faire éclater son cœur trop longtemps resté endormi, autant pour permettre à son fils et à son amour de s'affirmer au grand jour que pour lui-même, samouraï émérite n'ayant toujours combattu que pour les autres, de combattre enfin pour de bonnes raisons, quitte à porter ses convictions jusqu'à Edo et affronter le gardien de la frontière, Tatsuya Nakadai son alter-ego guerrier. Il s'agit aussi pour Kobayashi de dénoncer la pratique déshonorante du Hara-Kiri avec splendeur et de souligner la notion de sacrifice dans ce qu'elle a de plus noble.

2h00 de plans fixes et de légers zooms préparés au microscope et Masaki Kobayashi, tout comme dans Hara-Kiri et La Condition de l'homme, y est encore une fois bluffant dans sa dénonciation du système féodal Japonais, dans le face à face entre les dialogues d'une franchise, d'une insoumission et d'une honnêteté à toute épreuve, et les postures rigides, superbement emprisonnées, quasi inamovibles des protagonistes dont les visages graves, austères, passionnément décortiqués en gros plans oppressants, baignent dans un noir et blanc saillant et une parfaite géométrie du plan (quel générique, quel plan de dame Ichi illuminant les deux lanciers, quel face à face final ! ...). Le résultat est fascinant et lourd de contestation. Après Les 7 Samouraïs et Le Sabre du mal, le scénariste Shinobu Hashimoto maîtrise une nouvelle fois à merveille le découpage d'un drame réaliste et historique.

Premier film coproduit par Toshiro Mifune lui-même et tourné dans ses propres studios, on sent le grand monsieur très engagé et partout à la fois, aussi à l'aise en grand père attentif, père compréhensif que guerrier insoumis. Il reste une contemplation et une austérité omniprésentes et quelques dialogues qui peuvent friser la répétition et léser un chouillas la grandeur de la chose mais c'est du détail. Comme dirait l'autre, un équivalent Nippon des plus grands westerns classiques américains avec Toshiro Mifune proche du symbole qu'incarnait John Wayne pour le public.

ps : Tatsuya Nakadai avoue tout sourire avoir été bien éméché le jour du duel final, tout comme Toshiro Mifune qui lui aussi aimait se rincer le gosier. Chapeau les artistes !
drélium
9

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le 16 janv. 2011

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drélium

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