Après avoir raflé quasi tous les prix à Gérardmer en 2008, [REC] premier du nom s'est fait connaître de manière plus mainstream avant de rejoindre la catégorie des films d'horreur cultes. Succès mérité tant il réussissait à mélanger habilement found foutange, jump scare et une bonne touche de gore. Jaume Balaguero et Paco Plaza ont donc continué à explorer leur histoire de contamination avec sa suite directe l'année suivante, avant de livrer ce "Genesis" puis un "Apocalypse" prévu pour fin 2013.
Malgré ce que le titre préfigure, pas question d'en savoir beaucoup plus sur l'origine de la contamination dans les rues de Barcelone. Plaza – seul aux commandes cette fois – fait prendre à la saga un virage à 180 degrés autant dans le ton que dans la mise en scène. Exit alors les explications religieuses amorcées précédemment : l'heure est à l'humour et à l'hémoglobine, n'en déplaise aux fans de la première heure.
On quitte par la même occasion l'immeuble confiné des premiers opus pour se retrouver en plein mariage. DJ, famille sur son 31 et pièce montée : rien ne manque pour LE jour de Koldo et Clara. Comme précédemment, l'introduction se déroule entièrement en caméra subjective, avec un clin d'œil au "cinéma vérité", en jouant des divers points de vue. De bonnes idées même si la présentation s'éternise un peu.
Mais une fois la contamination décelée, le réalisateur espagnol ne lésine plus sur la surenchère. Presque tous les invités se transforment en zombies dans les minutes qui suivent, permettant au spectateur d'y voir un peu plus clair dans la trame principale. A savoir le chemin de croix qui attendra les deux tourtereaux pour qu'ils puissent (enfin) être réunis. [REC]³ Génesis bascule alors soudainement. Prenant le parti d'en revenir à une mise en scène plus classique, Plaza entraine ses personnages dans un univers qui n'est pas sans rappeler le dernier Evil Dead de Raimi ou les délires gore de Jackson.
On est clairement dans des effets grand guignolesques, les situations romantiques niaises se succédant sans transition aux découpages à la tronçonneuse. Cependant, on sent parfois un certain tâtonnement dans la maîtrise de l'humour, les scènes accompagnant Koldo se révélant plus faiblardes et pas toujours du meilleur goût. Mais dès que la caméra se pose sur Clara – interprétée par une Leticia Dolera lumineuse – le film prend alors une tournure réussissant à mêler gravité et bordel sanglant.
C'est précisément dans ces moments où [REC]³ Génesis excelle puisque réussissant à se créer une identité propre sans pour autant trahir la franchise originelle. En refusant de se servir des mêmes recettes, certes Plaza y perd en tension, le métrage ne faisant que rarement sursauter; semblant considérer la notion de peur comme secondaire. Néanmoins, il réussi à livrer une approche du mythe sous un angle différent, rendant par là même un hommage aux productions décomplexées des 80's. Le final en est le plus bel exemple, tant jusqu'au boutiste que décalé, qui permet au réalisateur de clore une série B très réussie.