Depuis quelques années, suite au succès des grosses productions américaines à base de super-héros, les Asiatiques (entre-autres) s'y sont mis, tout du moins à l'internationale, car en effet, les super-héros ont toujours été omniprésents dans leur culture (et encore plus au Japon, avec le Sentaï). Red Eagle en est la preuve même, puisque c'est une adaptation contemporaine d'un personnage culte des années 70, Golden Eagle (Insee thong) interprété à l'époque par Mitr Chaibancha, qui mourut tragiquement lors de la dernière scène du film.
Lors du générique, toute une suite de logos apparaissent, pour la plupart inconnus (pour l'occidental), hormis Suzuki, mais ça on s'en fout un peu, par contre ce qui est plus gênant, c'est que ces partenaires ont investi de l'argent pour pouvoir avoir leur nom au début du film, mais aussi PENDANT. Du coup les décors citadins, au lieu d'exposer des marques fictives, se retrouvent déguisés comme un stade de football, et pire encore, certains placements semblent carrément être improvisés, comme le héros qui va à un distributeur ne vendant qu'une seule marque de soda, dont la bouteille qui en tombe est filmée en gros plan, un peu comme dans un pub. Notre héros atterrit sur sa moto, et paf, gros plan sur le logo Suzuki. Notre héros se fout sur la gueule avec son ennemi juré, sur le toit d'un immeuble, et re-paf, un écran géant fait défiler un logo. Ça fait un peu tâche, même beaucoup, mais finalement, quand on voit le résultat visuel global, on réussit à en faire abstraction, car ça dépote pas mal. Mais là aussi, ce dépotage, qui dure deux heures, montre l'envie qu'a la Thaïlande de prouver qu'elle peut rivaliser techniquement avec la concurrence, en y perdant malheureusement l'humour, distribué avec trop de parcimonie, mais surtout le développement de ses personnages, rendant ce Red Eagle aussi mystérieux que le mystère qui l'entoure.
Bref, Red Eagle se distingue beaucoup des autres productions asiatiques, en en mettant plein les yeux, sans pour autant viser trop haut et risquer de nous offrir des CGI approximatifs comme c'est souvent le cas dans les blockbusters Hongkongais. Les chorégraphies sont vraiment biens foutues, c'est bien filmé, cadré, et sans shaky-cams, et les scènes épiques s'emmêlent dans notre esprit, que ça soit la baston dans les chiottes, avec gros plans radioscopiques lors des fractures d'os, celle sur le toit de l'immeuble, ou encore celle du flic contre une horde de malfrats.
Le récit, même s'il est maigre (et un peu niais), impose très rapidement une vision extrêmement négative du gouvernement Thaïlandais, composé de politiciens s'engageant dans l'atomique pour se remplir les poches, ainsi que de pédophiles, ou encore l'omniprésence des trafics de drogue.
On passe un moment plutôt sympathique, mais l'on regrette que tout cela ait été écrit à la va-vite, ne suscitant aucun attachement auprès du spectateur, qui suit cette action sans se soucier de qui vivra ou mourra. Le dernier plan affiche un « à suivre », mais y'aura-t'il une suite ? Telle est la question.
Pour conclure, les amateurs de cinéma asiatique mêlant arts-martiaux et science-fiction auront là quelque chose qui les comblera sans pour autant qu'ils ne le mettent sur un piédestal. Ceux qui accordent plus d'intérêt aux personnages qu'à l'action auront en revanche une rude déception.
Mention spéciale pour Ananda Everingham, qui succède avec brio à Mitr Chaibancha, en imposant dans son rôle, et nous livrant un bon niveau de maîtrise des arts-martiaux.