SyFy aime tendre le bâton pour se faire battre, au point que la question qui intéresse tout le monde soit « Does Syfy really love sci-fi?« . Production de films à un million de dollars tous plus mauvais les uns que les autres, séries rejetées par les autres chaînes, diffusion en prime-time de bobines estampillées The Asylum, Reality Shows, bref pas grand chose pour sortir la tête de l'eau. Quant à l'idée d'une adaptation de jeu-vidéo à la télé, cela semblait être une énième façon de prouver que les coups de bâton, elle aime ça. Néanmoins, il arrive que SyFy nous serve des produits au-dessus de la moyenne, et coup de bol incroyable, l'une de ces comètes est passée en même temps que Red Faction Origins, nous faisant tomber (discrètement) dans les bacs ce téléfilm qui d'un repose méninge du dimanche soir réussit à s'élever à un peu plus que cela.
On aurait pu s'attendre à un simple actioner foiré, mais les scénaristes ont décidé de faire quelque chose sans voir trop gros et plutôt livrer une histoire relativement bateau sans la rendre trop casse-couilles. On a notre vieux Robert Patrick qui incarne Alec Mason, héros que l'on avait pu diriger dans le troisième opus du jeu-vidéo (pour peu que l'on y ait joué), et son fiston, Jake, qui mène son expédition pour tenter de réunir sa famille. On se demande pourquoi le film s'appelle « Origins » puisqu'il se passe entre le trois et le quatre, et puis on regrette qu'il ne relate pas les événements du premier opus, mais il aurait été clair que tout faire péter dans tous les sens aurait vite fait de torpiller la production, et qui plus est le métrage s'adresse davantage à un public qui n'a de toute évidence pas connu les événements qui se sont passés il y a plus de dix ans déjà (d'où une brève séquence introductrice). D'ailleurs pour être précis la bobine est davantage un drame familiale avec des éléments de science-fiction qu'une réelle aventure de science-fiction, si ce n'est lors de sa dernière partie, qui en revient au nerf central de la saga, à savoir les tensions entre les différentes ethnies Martiennes.
Ce Red Faction Origins est donc une réussite compte tenu de son format télévisé. Il est clair qu'en salles il n'aurait pas sa place, les effets-spéciaux se situant (heureusement) au niveau de Battlestar Galactica (cette « aura » BSG se fait beaucoup ressentir, entre le casting nous affichant Kate Vernon, salope de service, ou encore une bande-originale supervisée par Bear McCreary) sans non plus être particulièrement transcendants (néanmoins le film ayant été tourné en hiver en Bulgarie, on peut saluer le travail fait en post-prod pour nous faire croire que l'on se trouve bien sur Mars — travail qui semble avoir gravement entamé le budget, certaines séquences spatiales étant totalement ratées). Les fans de la saga vidéoludique auront de quoi se divertir avec un produit acceptable, bien qu'il soit regrettable que sa popularité n'ait pu lui permettre d'avoir plus de fonds et atteindre les salles (mais est-ce réellement un mal ?). Il est aussi dommage que les scénaristes aient planché sur le script sans visiblement avoir une connaissance approfondie du matériau de base, donnant lieu à quelques problèmes de logique dans la timeline (dates brisant la continuité, personnages morts dans le film alors qu'ils ne sont en logique pas encore nés), de même que totalement oublié l'humour qui était une partie intégrante des premiers opus. Ça aurait pu faire une bonne série, mais le pilote s'est arrêté là, cependant réjouissez-vous chers abonnés, Mega Python vs. Gatoroid arrive...