Après trois courts, Navin Dev s'essaie pour la première fois sur le terrain du long-métrage, et quitte à s'embarquer dans une épopée, autant s'inspirer de celle d'Alice. Malheureusement, comme cela avait été dit dans la récente critique d'Alyce, les adaptations libres du roman de Lewis Carroll ont été dernièrement si nombreuses que la coupe est plus que pleine, ce qui avait toutes les raisons d'éveiller un tas d'appréhensions vis à vis de ce Red Kingdom Rising. Malgré tout cela, cette production a pour elle de s'aventurer sur un terrain bien plus glauque que toutes les précédentes, et même si le viol reste le moteur de l'oeuvre, tout comme dans Sucker Punch, le visuel oscillant entre du Guillermo del Toro, du Tarsem Singh, du Clive Barker et du ghost-story old-school à l'Anglaise façon Hammer réussit à sortir l'ensemble du déjà-vu, et surtout du tout public. Un pari qui n'était pas forcément gagné, la difficulté à travailler costumes, décors et photographie pour une production indépendante étant bien trop grande, et souvent comblée par des artifices aguicheurs et faciles (cependant les instants gores sont bien présents, que ça soit par le biais d'un cordon ombilical fait d'une chaîne recouverte de pointes barbelées, ainsi que quelques éviscérations). Puis s'ajoute à cette réalisation Emily Stride, l'héroïne, qui vient s'inscrire parmi les meilleures Alice portées à l'écran, son jeu étant convainquant de bout en bout, de même que celui de son guide, une autre Alice, interprétée par la jeune et talentueuse Etalia Turnbull.
En somme ce Red Kingdom Rising s'avère être un premier essai prometteur, bien qu'imparfait. En effet, si l'histoire reste intéressante à suivre, son scénario a tendance à laisser place à un peu trop de blancs, ce qui a le mauvais effet de casser légèrement le rythme global. Un défaut bien plus gênant, le travail fait sur le son, les voix étant plus faibles que la musique et effets sonores; ça ne posera pas de gros problèmes si vous habitez en maison, mais en appartement votre caisson de basse retentira lors des instants forts, vous obligeant à jongler avec votre télécommande (ceci dit la version qui nous a été étant un DVD screener il est impossible de dire si le tout était définitif ou prévu comme tel avant d'aller sous presse).
Quoiqu'il en soit, plutôt que faire durer inutilement sa pellicule, Dev a décidé de la limiter à son strict nécessaire afin d'éviter toute forme d'ennui (elle ne dure que 73 minutes). Un bon choix, car ça n'est pas la quantité qui compte mais la qualité, et si l'on décidait d'amputer tous les films des passages inutiles il y en aurait un fort pourcentage qui n'excéderait pas les 45 minutes. A voir, que vous soyez fan ou non du roman de Carroll.
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le 12 avr. 2012

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