Red, White and Blue croît en intensité avec douceur pour exploser sans crier gare lors d'un dernier acte terriblement éprouvant. Les caractères qui se sont construits jusque là à l'écran en silence prennent enfin la parole pour hurler leur rage. Sans concession, brutal mais subtil sans en avoir l'air, le film de Simon Rumley est une oeuvre complexe qui saura marquer le spectateur s'essayant à ses images.
Certains auront senti leur estomac crier violence à la lecture du mot subtil, mais je le pense réellement. Certes le final est tout sauf fait de dentelles, mais les personnages évoluent jusqu'à ce point de non retour sans se nourrir des clichés que l'on peut se faire servir actuellement. Simon Rumley parvient à trouver un bel équilibre entre glauque et réalité, et c'est cette humanité qui caractérise chaque âme peuplant Red, White and Blue qui lui permet de ne pas tomber dans le sordide gratuit.
Le personnage de Erica est forcément l'un des plus intéressants, même s'il n'est pas écrit pour qu'on s'y attache, bien au contraire. En ce personnage très ambivalent se terre l'originalité du film quand on le compare aux revenge movies classiques, genre qui peut décrire une partie de la proposition de Simon Rumley. Son dernier tour de piste ultra violent étant la composante essentiel de ce type d'exercice, à savoir la levée de la bride morale qui empêche généralement l'homme de s'adonner à ses pires instincts. Dans Red, White, and Blue, cette partie tient ses promesses et remplit le quota de violence sans vaciller. Mais quand, dans d'autres films du genre, on a plutôt la banane à ce moment là (généralement, ce sont de gros salopards qui dégustent, ce qui n'est pas désagréable), ici, on est beaucoup plus dans la retenue, on est même carrément mal à l'aise. Car ce chaos qui a dicté l'évolution de chaque personnage a eu pour conséquence de ne pas les placer dans des cases. Alors, quand tous les repères d'une vie civilisée volent en éclat, qu'à la diplomatie régissant la vie en communauté se substitue la rigidité militaire, on ne peut prendre parti pour aucun des camps entrés en guerre, et on subit.
Red, White and Blue est de la trempe des films dont on se souvient. Imparfait, sa réalisation est parfois hésitante et manque un peu de caractère, il possède cette énergie passionnelle et cette absence de concession qui forcent le respect. Comme ce générique final qui continue de creuser notre malaise alors qu'on espère secrètement un petit riff de guitare pour pouvoir se reposer l'esprit. Vicieux, n'est-ce pas ?!