Pour tous les passionnés de sport et de cinéma, Regard neuf sur Olympia 52 est une aubaine, une chance inespérée, puisqu'il exhume quelques bouts d'histoires du premier long-métrage, que Chris Marker réalisa sur les Olympiades d'Helsinki en 1952, et sobrement intitulé Olympia 52. Dans les années 50, le film fut brièvement exploité, mais l'auteur, jugeant l'œuvre de jeunesse trop brouillonne, l'enterra définitivement en l'enlevant de sa filmographie.
Julien Faraut a eu la très bonne idée de vouloir faire un film sur la genèse de ce film oublié. Raconter son histoire. En somme, un film sur le film. Il demande et obtient de Chris Marker l'accord pour exploiter quelques extraits d'Olympia 52. Et le résultat est fascinant. Il nous plonge directement dans le maelstrom de la création cinématographique, au cœur du processus créatif, avec ses enjeux, ses contraintes techniques et, bien sûr, les pressions financières auxquelles il est soumis. Absolument tout est décortiqué sous nos yeux, et c'est un peu comme si *Olympia 52 *renaissait, revenait, par miracle, à la vie. Du grand art !
Et puis il y a les images des Jeux eux-mêmes, marqués par la figure légendaire d'Emil Zatopek. Et cette finale hallucinante du 10 000 mètres, restituée par quelques bribes d'images heureusement conservées, qui nous font vivre cette course d'anthologie, dominée par la puissance et la vélocité du coureur tchèque. Même Alain Mimoun, qui accrochera la deuxième place, ne pourra jamais revenir à sa hauteur. Zatopek termine ce 10 000 mètres dans une prodigieuse accélération, doublant tous les retardataires avec une aisance déconcertante. Ces derniers semblent atteints d'une étrange léthargie et ont tout juste l'air de faire un footing ! Après neuf kilomètres dans les jambes à une allure démentielle, Zatopek trouve l'énergie de boucler le dernier kilomètre en 2'45 s ! Monstrueux.
Coureur d'exception, Emil Zatopek marquera ces Jeux olympiques en réussissant, fait unique dans les annales des Olympiades, à gagner, en plus du marathon, les 5 000 et 10 000 mètres ! Une performance surhumaine.