J’ai eu besoin d’un peu de temps pour entrer dans Ajeeb Daastaans. En raison du pitch de présentation, je croyais qu’il s’agissait d’un film choral. Ce n’est pas du tout le cas. Ajeeb Daastaans compile quatre courts-métrages qui n’ont aucun lien narratif entre eux mais qui forment un tout. Ils explorent chacun les relations interpersonnelles sous l’angle de la complexité ou des blessures et fragilités humaines. Ils abordent des sujets graves comme la vengeance, la haine, les fractures de classes sociales et les injustices subies par les classes inférieures, le handicap, la difficulté à communiquer, l’homosexualité, la crise au sein du couple, la maternité. On peut reprocher une chose à l’ensemble : ces histoires sont denses. Elles auraient mérité un film à elles seules. Le format du court-métrage oblige à des simplifications.
La finale de chaque histoire arrive comme un sommet qui est choquant ou bouleversant. Et chaque fois une image forte exprime le dénouement : deux mains qui se réunissent; une marmite qui déborde d’un liquide bizarrement coloré...; Une tasse, rappelant la condition de dalit, portée fièrement aux lèvres; des yeux qui pleurent parce qu’ils ne mentaient pas.
Et ces quatre images provoquent une émotion spécifique : les deux mains m’ont laissée dubitative : ce n’est pas si simple de réunir ainsi si facilement ces deux personnes avec leur poids d’histoire…, la deuxième m’a laissée horrifiée, même si c’est assez peu crédible, c’est tout à fait possible ; la troisième m’a donné de partager le sentiment de revanche de la jeune dalit portant sa tasse de fer à ses lèvres et enfin la quatrième image m’a brisée le cœur.
Ajeeb Daastaans n’est pas parfait, mais c’est une belle réussite et ce film m’a entraînée dans son monde particulier. La musique qui l’accompagne apporte une touche de qualité à l’ensemble.