DEAD AND BURIED (connu chez nous sous le titre REINCARNATIONS) date de 1981 et fait partie de la généreuse vague de films d'horreur américains de cette époque. Entre les slashers gores et les petits budgets trasho-dégeulbif', DEAD AND BURIED fait figure d'exception. Tout d'abord parce que le film prend le parti d'adopter la trame du film policier pour raconter son histoire fantastique. Ensuite parce que les scènes horrifiques ne se vautrent pas dans un gore convenu pour ados, mais essaient plutôt de tendre vers une mise en scène plus adulte, en mélangeant cruauté et grotesque. Enfin parce que le film s'efforce de donner une nouvelle perspective au mythe du mort-vivant.
L'un des points forts du film vient de son histoire, signée par Ronald Shusett et accessoirement Dan O'Bannon. Pour mémoire, le duo était déjà responsable du scénario d'ALIEN premier du nom. Si O'Bannon est l'ancien complice de John Carpenter sur son premier film DARK STAR, il s'avère que sa participation au métrage soit très anecdotique. Ronald Shusett signe ici une histoire très carrée et aux multiples rebondissements des plus surprenants. En rendant hommage aux bandes dessinées E.C. Comics (des petites histoires d'horreur publiées dans les années 50 qui se terminaient invariablement par une chute inattendue), le duo multiplie les fausses pistes tout en nous réservant un twist final mémorable.
L'autre ambition scénaristique de cette excellente série B est aussi de nous présenter un mythe bien connu (le mort-vivant) sous un angle complètement différent. Ici, pas de cadavres en décomposition marchant d'un pas lourd en grognant : "ceerrrvveeaaauuuxxx". Ils nous sont juste présentés par des gens ordinaires, que seul leur comportement meurtrier peut différencier des gens normaux. On n'est pas loin non plus des classiques d'horreur et de science-fiction comme THE THING ou L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES dans la mesure où DEAD AND BURIED joue du suspens du qui est qui...
Cependant, pour que DEAD AND BURIED soit un authentique classique, il aurait fallu un grand réalisateur aux commandes. C'est l'honnête Gary Sherman qui s'y colle. Si sa mise en scène est très efficace (voir l'étonnante scène de la découverte d'un corps carbonisé dans une voiture), le Monsieur reste bien souvent un peu trop académique. Voilà pourquoi cette habile relecture du mort-vivant ne s'élève pas au niveau d'un Romero. Reste à souligner les excellents effets spéciaux de maquillages du désormais "oscarisé" Stan Winston. Vingt ans après, ils tiennent encore parfaitement la route, et constituent les moments forts du film (comme ce plan célèbre d'une seringue enfoncée dans l'œil, sublimement effroyable).