Folie psychanalytique

Même si Fernandel n'est pas tout à fait à sa place dans ce rôle, du moins pas à l'aise en toutes circonstance, "Relaxe-toi chérie..." reste une comédie française des années 1960 réussie et drôle à plus d'un titre. Déjà, le cadre global : on ne sait jamais quel rapport précis le film entretient avec la psychanalyse, s'il s'agit d'une satire pure et dure à ce sujet raillant avec vigueur la bouffonnerie d'un spécialiste (Jean-Pierre Marielle assez jeune, 32 ans, avec des cheveux, encore prisonnier d'un soupçon de timidité semble-t-il), ou bien s'il s'agit d'une observation des mœurs bourgeoises totalement déviantes au travers d'un couple que Fernandel forme avec Sandra Milo — dans le rôle d'une femme qui semble avoir eu sa révélation mystique dans la psychanalyse. Il flotte en plus de cela une légère folie lubrique sur l'ensemble de l'histoire qui n'est pas pour déplaire, avec notamment pour apogée la scène finale sous la forme d'une grande sauterie entre amis (les hommes et les femmes n'ont pas la même façon de se montrer outrageant et ne retire à cet effet pas les mêmes vêtements).

La femme, après une conférence donnée par le docteur Kougloff suivie d'une consultation privée, est persuadé que son mari est soumis aux pires névroses décrites par la littérature psychanalytique et cache bien des monstruosités sous son apparente normalité. "Relaxe-toi chérie..." ne fait pas toujours sens dans ses aléas morbides ou ses sous-entendus sexuels, mais cette cohérence importe au final assez peu dans le tableau d'ensemble et l'intérêt réside avant tout dans les situations improbables dans lesquelles se retrouvent Fernandel, Milo et Marielle, avec la tête toujours aussi impayable de Jean Lefebvre en maître d'hôtel tour à tour circonspect et hilare. Une grosse partie de l'intrigue tourne autour de la femme cherchant à ce que son mari le trompe afin de réaliser des désirs qu'il aurait, inavoués, avec l'aide de trois de ses amies qu'elle considère comme des infirmières. Un bon gros transfert désuet quoi.